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Le parlement vénézuélien évacué après un siège de neuf heures

Le député vénézuélien le plus gravement touché, Americo De Grazia, a été frappé à la tête et s'est évanoui avant d'être conduit à l'hôpital. Sa famille a annoncé que ses jours n'étaient plus en danger. KEYSTONE/EPA EFE/CRISTIAN HERNANDEZ sda-ats

(Keystone-ATS) Certains parlementaires ont commencé à quitter l’Assemblée nationale vénézuélienne mercredi soir après y avoir été bloqués quelque neuf heures. Ils y étaient détenus par des militants favorables au président Nicolas Maduro.

Ces derniers armés de barres de fer ont pénétré mercredi matin au sein du parlement contrôlée par l’opposition et attaqué plusieurs députés. Les parlementaires étaient en session pour marquer la journée de l’indépendance nationale.

Au moins cinq élus de l’opposition ont été blessés. Des témoins évoquent des députés au visage ensanglanté cherchant la sortie dans les couloirs de l’Assemblée. Certains journalistes se sont fait voler leur matériel.

Le député le plus gravement touché, Americo De Grazia, a été frappé à la tête et s’est évanoui avant d’être conduit à l’hôpital. Sa famille a annoncé que ses jours n’étaient plus en danger.

“Longue vie à la révolution!”

Plusieurs détonations ont été entendues pendant toute la journée dans le bâtiment situé dans le centre de la capitale Caracas, résultant probablement de jets de pétards. Une cinquantaine de membres de la Garde nationale se sont postés devant les grilles du bâtiment pour empêcher de nouveaux manifestants d’entrer.

Après l’attaque survenue dans la matinée, une centaine de partisans du président, vêtus de rouge et criant “longue vie à la révolution!” ont empêché les élus, journalistes et invités présents de sortir. “Nous sommes pris en otage”, rapportait le député de l’opposition William Davila.

A l’extérieur, certains pro-Maduro ont brandi des armes, menacé de couper l’eau et l’électricité de l’Assemblée et diffusé des discours de l’ex-président socialiste Hugo Chavez, où l’on pouvait entendre “Tremble, oligarchie!”

“Etranges violences”

Le centre de Caracas est traditionnellement un quartier favorable au gouvernement socialiste et les heurts entre partisans de Maduro et opposants y sont fréquents depuis la victoire de l’opposition aux législatives de décembre 2015.

S’exprimant lors d’une parade militaire célébrant l’indépendance nationale, Nicolas Maduro a condamné d'”étranges” violences à l’Assemblée et demandé l’ouverture d’une enquête. Mais il a également invité l’opposition à s’interroger sur la violence issue de ces rangs.

Le Venezuela vit depuis trois mois une période de troubles et de violentes manifestations antigouvernementales qui ont fait 91 morts en trois mois. De jeunes manifestants de l’opposition ont attaqué régulièrement les forces de sécurité avec des armes de fortune, déclenchant de violentes ripostes.

Condamnations

“Je condamne cette attaque grotesque sur l’Assemblée vénézuélienne”, a déclaré sur Twitter l’ambassadeur britannique John Saville. Les Etats-Unis ont dénoncé un “assaut inacceptable”.

“Cette violence, perpétrée pendant la célébration de l’indépendance du Venezuela, est un assaut contre les principes démocratique chéris par les hommes et les femmes qui se sont battus pour l’indépendance du Venezuela il y a aujourd’hui 206 ans”, a écrit la porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert dans un communiqué, en appelant le gouvernement vénézuélien à protéger le parlement, soigner les blessés et “traduire les assaillants en justice”.

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