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Le Parlement veut prolonger l’engagement de l’armée au Kosovo

Actuellement de 235 soldats au maximum, l'effectif de la Swisscoy sera réduit à 190 dès avril 2018, puis à 165 dès octobre 2019 (archives). KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) Les militaires suisses continueront d’oeuvrer à la stabilité du Kosovo jusqu’à fin 2020. Les effectifs seront toutefois réduits progressivement. Après les Etats, le National a accepté jeudi par 100 voix contre 76 de prolonger l’engagement de la Swisscoy.

La situation étant encore trop instable au Kosovo, notamment dans le nord, il serait prématuré de mettre un terme à l’engagement de la Swisscoy au sein de la KFOR, force multinationale de promotion de la paix mise en oeuvre par l’OTAN, a estimé la majorité.

La KFOR a diminué ses effectifs: 4650 militaires d’une trentaine de pays sont engagés, contre plus de 50’000 en 1999. Le Conseil fédéral veut lui aussi réduire le contingent suisse, actuellement de 235 militaires au maximum, à 190 dès avril 2018, puis à 165 dès octobre 2019.

Cette diminution des effectifs ne satisfait ni les Verts ni l’UDC. Les deux formations jugent que l’engagement militaire suisse et ses coûts ne se justifient plus, car la situation s’est considérablement stabilisée presque 20 ans après la fin du conflit. Elles demandent un retrait définitif des troupes helvétiques d’ici à 2020. La Chambre du peuple a balayé cette proposition. Mi-mars, le National avait déjà rejeté deux motions de l’UDC en ce sens.

Engagement civil

Les Verts sont pour la promotion de la paix, mais la question est “sous quelle forme devons-nous poursuivre cette mission?”, a argué la Genevoise Lisa Mazzone. La situation économique au Kosovo est bien plus préoccupante qu’une menace militaire, quasi inexistante. L’écologiste plaide pour un engagement civil, à travers un transfert des moyens consacrés à la mission militaire vers des projets civils.

Le gouvernement a déjà chargé les départements de la défense et des affaires étrangères de lui soumettre un rapport sur une allocation des moyens en ce sens. Le document sera présenté d’ici fin 2018, a précisé le ministre de la défense Guy Parmelin.

Du côté de l’UDC, on estime qu’il est hors de question que les soldats suisses soient les derniers à quitter le Kosovo. Il est exclu d’accepter une prolongation sans fixer une date de retrait définitif. Les moyens devraient être alloués à la sécurité de la Suisse, a martelé le Neuchâtelois Raymond Clottu.

Evoquant les 8000 policiers kosovars qui ont été formés, Adrian Amstutz (UDC/BE) a demandé “Quand seront-ils capables de se débrouiller tout seuls?”. Un retrait définitif sera nécessaire à un moment donné, mais pas en 2020, a répondu Jakob Büchler (PDC/SG). Les policiers kosovars ne sont pas reconnus par la population serbe, a souligné Pierre-Alain Fridez (PS/JU) au nom de la commission, ce qui attise les tensions.

Potentiel d’escalade

Le ministre de la défense a abondé dans ce sens. La mission de l’armée suisse au Kosovo est extrêmement importante pour la stabilité de ce pays fragile. Le nord, majoritairement peuplé par les Serbes, n’est pas bien contrôlé par Pristina. La guerre n’est pas l’objectif final des parties, mais il existe un potentiel d’escalade des deux côtés.

Guy Parmelin a également souligné que le projet du Conseil fédéral lui permet de renforcer les effectifs tout comme de retirer les troupes prématurément si cela s’avère nécessaire. Ne pas l’accepter reviendrait à “se tirer une balle dans le pied”.

Le gouvernement se réserve en effet le droit d’augmenter temporairement les effectifs et d’engager jusqu’à 50 spécialistes de logistique supplémentaires pour une durée de huit mois au maximum. Face au risque d’une hausse soudaine de la menace, il peut en outre être habilité à déployer jusqu’à 20 militaires supplémentaires pour une durée maximale de quatre mois.

Espace aérien mieux protégé

Alors que les prestations logistiques et les moyens lourds dans les domaines du transport et du génie seront réduits, la protection de l’espace aérien sera renforcée. La KFOR a demandé de constituer une équipe de liaison et une surveillance suisse supplémentaire. Elle juge par ailleurs importante la présence permanente de deux hélicoptères Cougar et le renfort temporaire par un appareil supplémentaire.

En 2015, la Swisscoy a coûté 44,2 millions de francs. Avec 190 militaires, la facture devrait passer à 37,5 millions de francs par an, puis à 33,2 millions avec 165 soldats. Une hausse temporaire des effectifs coûterait entre 1,1 million (20 personnes pour 4 mois) et 8,9 millions (50 personnes pour 8 mois). Ces frais sont couverts par le budget de la défense.

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