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Le patron de Credit Suisse défend sa stratégie à long terme

Le patron de Credit Suisse Tidjane Thiam est convaincu que le cours de l'action de la banque "va se rétablir aussitôt que nous livrerons des résultats". KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le patron de Credit Suisse Tidjane Thiam observe des progrès dans la réorganisation de sa banque. Face à la chute de l’action, il appelle les investisseurs à se montrer patients. Un seul des douze trimestres prévus pour la restructuration s’est écoulé.

Le numéro deux bancaire helvétique n’était pas dans une “position confortable”, lorsque Tidjane Thiam en a pris les rênes, rappelle celui-ci dans un entretien avec la NZZ am Sonntag.

“A la fin du mois de septembre 2015, nous avions en moyenne plus de risques commerciaux que les autres banques européennes, mais significativement moins de capital propre”, relève le Franco-Ivoirien. Il s’applique depuis à inverser cette tendance: les risques ont été réduits de plus de 30% et le capital augmenté.

Depuis son arrivée, l’action Credit Suisse a perdu près de 60% de sa valeur, mais Tidjane Thiam se montre stoïque: “Nous ne visons pas des résultats à court terme, mais nous travaillons à la mise en oeuvre de notre stratégie sur le long terme, afin d’obtenir au fil du temps une plus-value pour les actionnaires”.

Spéculateurs aussi responsables

La chute du cours est également imputable aux spéculateurs, indique le Franco-Ivoirien. “Lorsqu’une entreprise se restructure, ceux-ci misent sur une baisse de l’action”, analyse-t-il. C’est pourquoi le cours actuel n’est pas représentatif de la situation de l’établissement bancaire. “Je suis convaincu qu’il va se rétablir aussitôt que nous livrerons des résultats”, indique-t-il.

Le directeur général constate d’ailleurs des “progrès dans différents domaines”, soulignant la réduction des frais. Dans la gestion de patrimoine, sur laquelle Credit Suisse doit se concentrer plus fortement au détriment de la banque d’investissement depuis son arrivée, le bénéfice avant impôts a atteint un milliard de francs au premier trimestre, malgré un environnement difficile.

Tidjane Thiam, qui a succédé à l’Américain Brady Dougan à la tête de Credit Suisse, réclame encore du temps en ce qui concerne sa restructuration: “La banque s’est dirigée durant des années vers un certain cap, il faut maintenant plusieurs trimestres pour corriger la direction.”

Cours de l’action et bilan

A la question de savoir si les clients avaient dernièrement retiré leurs avoirs des mains de l’établissement zurichois, M. Thiam n’a pas souhaité répondre. Il soutient en revanche que la banque n’a “jamais été aussi sûre” du fait de la diminution des risques opérée.

“Le cours de l’action ne doit pas être confondu avec la sécurité de l’établissement ou à la solidité de notre bilan”, précise-t-il.

Ermotti à la rescousse

Le directeur général de Credit Suisse peut d’ailleurs compter sur le soutien de son homologue d’UBS Sergio Ermotti. Ce dernier considère les critiques envers CS exagérée, dans un entretien avec la SonntagsZeitung.

“On attend bien trop rapidement des résultats de nouveaux chefs d’entreprises et on oublie que la mise en place d’une nouvelle stratégie est une chose de longue haleine – en particulier lorsque les marchés sont un peu fous, comme actuellement”, remarque-t-il.

Le patron d’UBS ne pense toutefois pas que les “cours des actions bancaires s’améliorent”, relève-t-il par ailleurs dans Le Matin Dimanche. Il anticipe plutôt une correction vers le bas du niveau général des cotations. Les temps sont tumultueux, “une tempête considérable s’est levée”, affirme celui-ci.

Pas comme 2008

La mauvaise capitalisation boursière de la banque reflète la situation économique globale. “Quand l’Union européenne est remise en question, cela a de profondes répercussions sur l’économie”, argue-t-il.

“La crise de l’UE par exemple peut répandre sur des années une incertitude paralysante”, note le Tessinois. Il ne faut selon lui toutefois pas craindre une nouvelle crise financière comme celle de 2008, car “les banques ont aujourd’hui de trop fort volants de fonds propres”.

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