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Le PBD fête ses dix ans mais lutte pour sa survie

Depuis le retrait de sa conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf fin 2015, le PBD, qui fête ses dix ans, accumule les revers électoraux (archives). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) Le PBD fêtera ses dix ans le 3 novembre à Zurich, mais l’ambiance n’est pas à la fête: depuis le retrait de sa conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf il y a trois ans, le parti accumule les revers électoraux. En Suisse romande, sa présence est confidentielle.

C’est un séisme politique qui conduit à la formation du Parti bourgeois-démocratique (PBD). Le 12 décembre 2007, le conseiller fédéral UDC Christoph Blocher n’est pas réélu. L’Assemblée fédérale lui préfère la conseillère d’Etat grisonne Eveline Widmer-Schlumpf, également membre de l’UDC.

L’UDC hurle à la trahison et exclut du parti national sa section grisonne. Cette dernière fonde six mois plus tard une formation nommée dans un premier temps Parti bourgeois suisse. Une année plus tard, une scission se produit à son tour au sein de l’UDC bernoise. Une frange d’élus fidèles à son conseiller fédéral Samuel Schmid, snobé par l’UDC, fonde le Parti bourgeois-démocratique (PBD).

Le PBD national prend son envol le 1er novembre 2008. Il se profile comme un parti du centre qui souhaite prendre ses distances avec le “populisme” de l’UDC. Il se montre favorable à la libre circulation des personnes, à l’échange automatique d’informations, ainsi qu’à la promotion de la condition féminine.

Le nouveau venu sur la scène politique épate les experts au cours de ses cinq premières années. Il rafle 88 sièges dans les parlements cantonaux. Près de 5,4% des électeurs lui font confiance lors des élections fédérales de 2011. Dans la foulée, son président Martin Landolt se montre ambitieux: son parti doit dépasser les 10% en 2019.

La Suisse romande à la peine

En Suisse romande, six sections voient le jour: Valais (janvier 2009), Jura bernois (mars 2009), Fribourg (avril 2010), Neuchâtel (octobre 2010), Vaud (avril 2011) et Genève (février 2013). Mais le parti n’a jamais réussi à se développer de ce côté-ci de la Sarine.

Les sections de Neuchâtel et du Jura bernois ont entretemps disparu et la formation ne compte plus aucun siège dans les parlements cantonaux romands, alors qu’ils étaient encore deux à Fribourg et un à Neuchâtel lors de la précédente législature.

Interrogés par Keystone-ATS, les présidents des quatre sections romandes restantes ne donnent pas dans l’euphorie. Celle de Genève compte 150 membres, en légère augmentation, celle de Vaud 88, en très légère hausse, celle de Fribourg une cinquantaine avec une situation stable et celle du Valais “une petite dizaine”, un effectif stable lui aussi.

L’effet EWS

Pour les observateurs du microcosme politique, le succès initial du PBD tient à un facteur décisif: l’effet Widmer-Schlumpf. La conseillère fédérale attend le résultat des élections fédérales de 2015 avant d’annoncer sa démission. Malgré cela, le parti amorce un recul: il ne recueille que 4,1% des suffrages. Il perd deux sièges mais conserve huit élus sous la Coupole.

Dès le début, il lui a manqué un profil politique, un trait caractéristique. Et avec le retrait de Mme Widmer-Schlumpf, sa présence dans les médias s’est effondrée, note le politologue Adrian Vatter, interrogé récemment par Keystone-ATS. Depuis, le parti essuie revers sur revers. Il comptait encore 74 députés dans les parlements cantonaux en 2015. Ils ne sont plus que 58.

Avenir morose

L’avenir du parti, présent dans 16 cantons, ne s’annonce pas vraiment rose: il a chuté à 3,2% des intentions de vote (-0,9 par rapport à 2015), selon les chiffres du baromètre SSR, publié le 4 octobre dernier.

Interrogé lui aussi récemment, le politologue Georg Lutz ne voit pas comment le parti pourrait, à terme, se maintenir dans trois gouvernements cantonaux (BE, GR, GL). L’argument de la démarcation avec l’UDC s’estompe à un moment donné.

Il est également difficile de briser la spirale des défaites si on ne se focalise pas sur un thème défini et si on ne possède pas un électorat clairement défini au centre, analysait M. Lutz.

Le président Martin Landolt entend remettre son mandat au début 2020, après les élections fédérales. Le conseiller national glaronais motive son départ par le changement de générations que nécessite le parti.

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