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Le plan d’urgence n’est pas activé pour le moment

(Keystone-ATS) La Confédération et les cantons se sont mis d’accord vendredi pour ne pas activer le plan d’urgence asile. La situation ne l’exige pas pour le moment, a indiqué vendredi à l’ats la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga.

Pour la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP), la situation est “particulière et tendue (…) Mais nous sommes aujourd’hui bien préparés”, a-t-elle déclaré à l’issue d’une rencontre à Zurich avec les comités des conférences des directeurs cantonaux chargés respectivement des affaires sociales (CDAS) et de justice et police (CCDJP).

La collaboration entre la Confédération, les cantons, les villes et les communes est d’une grande importance, a-t-elle poursuivi. Afin de pouvoir réagir rapidement à une situation exceptionnelle, cantons et Confédération ont décidé de promouvoir une planification préventive dans les domaines de l’hébergement, la logistique et le personnel.

La situation sur le front de l’asile n’exige cependant pas encore de recourir à l’Etat-major spécial asile, habilité à diriger le plan d’urgence. Ce plan permettrait de déroger à la loi sur l’asile. Les cantons ont cependant demandé que le DFJP et le Département de la défense puissent le déclencher “à court terme” après consultation des présidents de la CCDJP et de la CDAS.

“C’est un signe de notre volonté de continuer à travailler d’entente avec les deux départements”, a déclaré le président de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP) le Bernois Hans-Jörg Käser. Il se dit persuadé que la collaboration entre les deux chefs de départements fonctionnera également bien.

250 arrivées par jour

La situation s’est en effet tendue depuis le début du mois: la Suisse accueille en moyenne quelque 250 personnes par jour dans ses centres d’enregistrement et de procédure. Des modalités d’identification jusqu’à l’enregistrement complet des demandes, il faut compter environ 10 jours, selon le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM). Durant les douze premiers jours de novembre, 2121 demandes d’asile ont été enregistrées.

Depuis le début de l’année, la Suisse a enregistré près de 29’000 demandes, soit l’estimation initiale du SEM pour toute l’année 2015. Le Secrétariat souligne cependant que la situation évolue au jour le jour et qu’il est impossible de faire des pronostics fiables pour l’ensemble de l’année.

Critiques rejetées

La conseillère fédérale rejette les critiques selon lesquelles la Confédération n’aurait pas la situation sous contrôle. “Lorsqu’on voit comment la Suisse se prépare, comment elle collabore avec les différents acteurs en présence et comment elle maîtrise la situation, cela ferait rêver bien d’autres dans plusieurs pays”, a-t-elle dit.

Récemment, M.Käser avait réclamé la mise en oeuvre du Plan d’urgence asile. L’Etat-Major spécial Asile, élaboré après la crise du Printemps arabe, n’a encore jamais été activé. Pour le Bernois, la situation en ce moment implique des défis importants, mais il ne s’agit pas d’une situation d’urgence. On ignore si, quand et où une vague de réfugiés atteindra la Suisse, mais il faut néanmoins déterminer rapidement des hébergements possibles.

Suisse épargnée

Dans sa statistique mensuelle publiée vendredi, le SEM indique qu’en octobre, la Suisse a recensé 4750 demandes d’asile, soit seulement 206 de plus qu’en septembre. L’Afghanistan est désormais le premier pays de provenance. Par rapport aux dix premiers mois de 2014, le nombre de requérants d’asile en Suisse a augmenté de 41% cette année.

Mais la Suisse ne figure toujours pas parmi les pays de destination privilégiés des personnes empruntant la route migratoire par la Turquie, la Grèce et les Balkans. Depuis le début de l’année, plus de 600’000 migrants ont débarqué en Grèce en provenance de la Turquie. L’Autriche, par exemple, a enregistré 10’632 nouvelles demandes d’asile rien qu’au mois d’octobre, la Norvège 8666 et la Suède 39’181.

Afghans pas bienvenus

A l’adresse des réfugiés afghans, le président de la CCDJP a un message clair: “La Suisse n’est pas une destination idéale pour des demandeurs d’asile d’Afghanistan”. Il existe en outre des régions en Afghanistan qu’il n’y a pas de raison de quitter pour des motifs justifiant l’asile, selon lui.

S’agissant des réfugiés afghans, le gouvernement zurichois reproche au gouvernement allemand de ne pas respecter les règles de l’accord de Dublin, ce qui participe à leur déplacement vers la Suisse. Et le Conseil d’Etat zurichois d’ajouter dans un communiqué en soirée que la Confédération doit exiger de Kaboul une application stricte de l’actuel accord de réadmission.

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