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Le président colombien suspend les négociations avec l’ELN après des attaques

"J'ai parlé avec le négociateur en chef du gouvernement à Quito (Gustavo Bell) afin qu'il revienne immédiatement (à Bogota) pour évaluer l'avenir du processus", a déclaré le chef de l'Etat (archives). KEYSTONE/AP/RICARDO MAZALAN sda-ats

(Keystone-ATS) Le président colombien Juan Manuel Santos a suspendu mercredi les négociations de paix avec la guérilla de l’ELN délocalisées à Quito, en Equateur, après plusieurs attaques attribuées aux rebelles. La guérilla demande, elle, la poursuite des négociations de paix.

“J’ai parlé avec le négociateur en chef du gouvernement à Quito (Gustavo Bell) afin qu’il revienne immédiatement (à Bogota) pour évaluer l’avenir du processus”, a déclaré le chef de l’Etat lors d’une allocution télévisée. M. Santos, qui n’a pas donné davantage de détails, a dénoncé la reprise des “attaques terroristes contre la population, les forces armées et les infrastructures”.

L’Armée de libération nationale (ELN) a lancé deux attaques à l’explosif contre le gazoduc de Caño Limon, relié au deuxième plus important champ pétrolifère du pays, a assuré un haut représentant de l’armée. Deux sections du pipeline ont été endommagées dans les provinces d’Arauca et de Boyaca, et le pompage a dû être arrêté.

Les autorités ont en outre rapporté une attaque à la grenade contre un poste de sécurité de l’armée dans le département d’Arauca, à la frontière du Venezuela, où l’ELN a une forte présence. Des soldats auraient été blessés, selon les médias locaux. Et l’entreprise publique pétrolière Ecopetrol a dénoncé un “possible attentat” contre un puits situé dans le département de Casanare (est).

“Mon engagement avec la paix a été et sera total. Mais la paix se conquiert avec de la bonne volonté et des actes concrets. Pas seulement avec des mots”, a déclaré Juan Manuel Santos.

L’ELN a demandé pour sa part la poursuite des négociations de paix. “Nous, nous restons ici (à la table des négociations). Que les discussions se poursuivent et qu’aucun incident ne vienne les interrompre. Nous appelons (le gouvernement) à revoir” sa position, a déclaré à Quito Pablo Beltran, négociateur en chef des rebelles.

Accord signé en octobre

Un cessez-le-feu bilatéral entre le gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla active de Colombie, était en vigueur entre le 1er octobre et le 9 janvier à minuit. C’est la première fois de son histoire que cette guérilla, inspirée de la révolution cubaine et issue en 1964 d’une insurrection paysanne, signait un accord de ce type.

Mardi, jour de la fin de la trêve, les deux parties avaient entamé des pourparlers en vue d’une prolongation de la trêve. Ils devaient reprendre mercredi avant cette annonce de Bogota.

Bien que le gouvernement colombien et la guérilla guévariste aient chacun de leur côté exprimé à plusieurs reprises leur volonté de prolonger cette trêve, l’accord précédent avait déjà été fragilisé par des accusations mutuelles de violations.

En un demi-siècle, le conflit armé colombien a fait au moins 260’000 morts, plus de 60’000 disparus et 7,4 millions de déplacés. Il implique des guérillas, des paramilitaires, des forces gouvernementales et des trafiquants de drogue.

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