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Le président d’Ethos exige une augmentation des fonds propres

(Keystone-ATS) Le président de la Fondation Ethos Dominique Biedermann veut réduire la voilure des banques d’investissement comme UBS et Credit Suisse. Les progrès effectués jusqu’à présent ne suffisent pas, a-t-il martelé dans une interview au journal “Schweiz am Sonntag”.

“Cela fait sens lorsque UBS ou Credit Suisse conseillent de riches entrepreneurs dont ils gèrent la fortune au moment du rachat d’un de leurs concurrents. Mais les banques d’investissement font encore trop de commerce avec eux, ce qui nécessite relativement beaucoup de fonds propres. Il s’agit d’un danger pour la Suisse”, souligne Dominique Biedermann.

De nouvelles règles de capitalisation pour les grandes banques sont nécessaires, à ses yeux. Il préconise un seuil minimal de cinq francs de fonds propres pour 100 francs investis.

Le bilan des deux plus grandes banques du pays est deux fois plus important que le produit intérieur brut (PIB) de la Suisse. “Il s’agit d’un risque immense, contre lequel on doit se protéger”, indique-t-il. Selon lui, certains établissements financiers sont encore “too big to fail”.

“La Suisse ne peut pas se permettre de laisser ces instituts bancaires faire faillite. Elle doit, par ailleurs, examiner si dans quelques années, ces établissements auront besoin de plus de fonds propres”, explique Dominique Biedermann.

Plus de taux négatif

En outre, le président d’Ethos exige que les caisses de pensions soient exclues du taux d’intérêt négatif de la Banque Nationale Suisse (BNS). Il est dans l’intérêt de tous qu’elles enregistrent de bons rendements pour nos retraites. “Mais avec un taux d’intérêt négatif, elles paient un impôt caché”, affirme Dominique Biedermann.

En supposant que les caisses de pensions possèdent en liquide environ 5% de leur fortune, il leur coûte environ 300 millions à 500 millions de francs par année. Avec le taux d’intérêt négatif, les caisses de pensions helvétiques sont tentées de ne plus investir en francs. “Cela n’est cependant pas possible”, informe le président d’Ethos.

Les caisses de pensions ne peuvent, en effet, presque plus investir à l’étranger. “Et, au final, elles paient les retraites en francs”, précise-t-il.

Les caisses de pensions recevraient, certes, plus d’intérêts si elles achetaient des obligations. Mais elles supporteraient aussi des pertes plus violentes, pour lui.

“Les obligations déjà acquises perdront massivement de leur valeur. Cela sonne déjà comme une bombe à retardement”, souligne Dominique Biedermann.

Actionnaires à contrôler

A ses yeux, la marge de manoeuvre des actionnaires qui détiennent le plus de voix mais pas le plus d’actions doit également être mieux réglementée. Et pas seulement pour le cas Sika. De nombreux actionnaires contrôlent un grand nombre d’entreprises cotées à la Bourse, sans en posséder la majorité des titres. Or ils abusent souvent de ce pouvoir, déplore-t-il.

“En cas de rachat d’une entreprise, nous nous opposons à ce que l’actionnaire à voix majoritaire reçoive un meilleur prix que les autres actionnaires”, souligne le président d’Ethos. La Fondation plaide pour interdire cette pratique.

Des changements sont enfin nécessaires en matière de droit de vote des actionnaires, selon lui. “Nous pensons que le nombre d’actions ne peut pas excéder le double du nombre de voix de votes”, conclut-il.

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