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Le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, entendu par le MPC

Nasser Al-Khelaïfi aurait corrompu Jérôme Valcke, ex-secrétaire général de la FIFA, afin d'obtenir des droits de diffusion de coupes du monde (archives). KEYSTONE/AP/MICHEL EULER sda-ats

(Keystone-ATS) Nasser Al-Khelaïfi, directeur du beIN Media et président-directeur général du PSG, a été entendu par la justice suisse. Il est soupçonné d’avoir corrompu Jérôme Valcke, ancien secrétaire général de la FIFA, pour l’octroi des droits de diffusion de coupes du monde.

L’audition a commencé mercredi vers 09h30 et s’est terminée un peu après 19h00. A ce stade, aucune information ne pouvait être donnée sur son contenu, a indiqué à l’ats Arthur Chapatte, du service de communication du Ministère public de la Confédération (MPC).

L’audition “va prendre des heures, pour des raisons de traduction mais aussi en raison des nombreuses questions que nous avons et des réponses que nous souhaitons avoir de la part du prévenu”, disait en matinée André Marty, porte-parole du MPC, aux journalistes présents devant le bâtiment. “Une bonne douzaine de personnes” y assistaient, pour la plupart les avocats des parties concernées.

“M. Al-Khelaïfi s’est montré très coopératif”, a indiqué M. Marty après l’audition au journal de la SRF. D’après le porte-parole, il est impossible de prévoir la durée de l’enquête en cours. “De telles procédures pénales prennent des années plutôt que des mois”, a-t-il déclaré à l’AFP. “En général, ce genre de procédure peut prendre de trois à cinq ans.”

Un départ “tranquille”

“Je n’ai rien à cacher”, a affirmé pour sa part devant les médias, en marge de son tête à tête avec la justice suisse, M. Al-Khelaïfi. “J’ai demandé à venir en Suisse pour donner mes explications, je suis disponible pour le procureur général s’il veut me revoir, je suis venu tranquille et repars très tranquille”, a-t-il ajouté en souriant, pour sa première déclaration publique dans cette affaire.

Le MPC a ouvert une procédure pénale à l’encontre de Nasser Al-Khelaïfi le 20 mars. Le Qatari est aussi membre du comité d’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Il est soupçonné de corruption privée, d’escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres concernant l’attribution des droits médias des Coupes du monde de football 2018, 2022, 2026 et 2030.

Perquisition en Sardaigne

Un homme d’affaires actif dans le domaine des droits sportifs est également dans le viseur du MPC.

Les bureaux parisiens de la chaîne de télévision qatarie beIN Sports ont été perquisitionnés le 12 octobre dans le cadre de l’enquête. Une perquisition a également été menée dans une villa à Porto Cervo, en Sardaigne, estimée à 7 millions d’euros.

La résidence a été saisie par la police italienne qui soupçonne le Qatari de l’avoir utilisée comme moyen de corruption en vue d’obtenir les droits télévisés de Jérôme Valcke. Le groupe beIN Media a réfuté toutes les accusations, tout comme l’avocat de M. Al-Khelaïfi qui a déclaré à l’AFP que son client “contestait toute corruption”.

Valcke déjà auditionné

M. Valcke a déjà été entendu par le MPC. Il “conteste la totalité des accusations”, indiquaient ses avocats. Il n’a pas été placé en détention préventive. Il est soupçonné d’avoir accepté des avantages indus des deux hommes en lien avec l’octroi de droits média dans certains pays pour les Coupes du monde de football de 2018, 2022, 2026 et 2030.

Le Ministère public a mené plusieurs perquisitions simultanément à différents endroits, en collaboration avec les autorités de France, de Grèce, d’Italie et d’Espagne.

L’ex-bras droit de Sepp Blatter, président démissionnaire de la FIFA, fait l’objet d’une autre procédure pénale ouverte par le MPC en mars 2016. Toujours pendante, elle concerne notamment son implication dans un système de revente de billets au Mondial 2014. La nouvelle procédure pénale a été ouverte principalement sur la base d’éléments découlant de cette première enquête.

Un vaste scandale

Jérôme Valcke a été relevé de ses fonctions en septembre 2015. La FIFA avait pris connaissance de soupçons pesant sur lui dans le cadre d’un contrat sur la billetterie avec la société spécialisée JB Sports Marketing. Il a été licencié en janvier 2016 et suspendu 12 ans par la FIFA de toute activité liée au football.

Le Ministère public de la Confédération mène 25 enquêtes liées au football. Il analyse environ 19 téraoctets de données séquestrées.

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