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Le président Duterte veut cinq mois supplémentaires de loi martiale

De jeunes étudiants philippins sont descendus dans la rue mardi avec le slogan #youthresist pour manifester contre la volonté du président Rodrigo Duterte de prolonger de cinq mois la loi martiale. KEYSTONE/EPA/MARK R. CRISTINO sda-ats

(Keystone-ATS) Le président philippin Rodrigo Duterte souhaite prolonger de cinq mois la loi martiale décrétée dans le sud pour mater un soulèvement islamiste. Redoutant une dérive autoritaire, l’opposition est hostile à cette prolongation.

La loi martiale est en vigueur sur l’ensemble de la région de Mindanao, peuplée de deux millions d’habitants. Le chef de l’Etat avait pris cette mesure exceptionnelle le 23 mai, peu après que des combattants se réclamant du groupe Etat islamique (EI) ne prennent le contrôle de quartiers entiers de Marawi, plus grande ville musulmane d’un pays majoritairement catholique.

La constitution autorise le chef de l’Etat à imposer cette mesure pendant 60 jours, ce qui lui permet “d’utiliser les forces armées pour empêcher ou mettre un terme à des violences illégales, à une invasion ou à une rébellion”. Au-delà, le président peut prolonger la loi martiale pendant une période qui doit être décidée par le Congrès.

Plusieurs pas en arrière

M. Duterte a informé les parlementaires de sa volonté de maintenir la loi martiale jusqu’à la fin de l’année. “J’en suis arrivé à la conclusion que la rébellion à Mindanao, qui m’a amené à proclamer (la loi martiale), ne sera pas complètement étouffée le 22 juillet”, a-t-il déclaré dans une lettre aux leaders du Congrès qu’il a rencontrés lundi soir.

Le Congrès se réunira samedi pour en discuter, selon le porte-parole de M. Duterte Ernesto Abella. “Ce n’est pas seulement un pas en arrière, mais plusieurs pas en arrière pour notre démocratie”, a déclaré le parlementaire de l’opposition Edcel Lagman, qui a qualifié d’illégale la requête présidentielle.

M. Lagman a mis en garde contre le risque pour le pays d’être à nouveau, 30 ans après la chute de la dictature Marcos, le théâtre d’excès de la part de l’armée et d’une répression politique. La loi martiale permet notamment aux forces de sécurité d’arrêter des suspects pendant trois jours sans autorisation du pouvoir judiciaire.

Impact sur les investissements

M. Duterte a le contrôle du Parlement. Le président de la Chambre des représentants Pantaleon Alvarez a estimé que rien ne s’opposait selon lui à la prolongation.

Le parlementaire comme l’ex-président Fidel Ramos, un ancien soutien de M. Duterte devenu un de ses détracteurs, mettent en garde contre l’impact négatif sur les investissements étrangers aux Philippines. “La loi martiale était nécessaire au début, mais toute prolongation doit être étudiée très soigneusement”, a déclaré M. Ramos aux journalistes.

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