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Le président italien prend une journée de réflexion sur le gouvernement

Selon la presse italienne, le président Mattarella a des doutes sur l'autonomie du futur premier ministre, proposé par le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), face aux poids lourds de ces partis qui devraient devenir ses ministres. Keystone/EPA ANSA/CLAUDIO GIOVANNINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le président italien Sergio Mattarella a mené de nouvelles consultations mardi avant de décider s’il nomme Giuseppe Conte, juriste inconnu du grand public, pour diriger un gouvernement populiste. Bruxelles a de son côté mis en garde contre les dérapages budgétaires.

Rien n’a filtré de ses entretiens et aucune décision n’est attendue avant mercredi. Selon la presse italienne, qui cite des sources proches de la présidence, M. Mattarella a des doutes sur l’autonomie de M. Conte, proposé par le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), face aux poids lourds de ces partis qui devraient devenir ses ministres.

Plutôt que de décider rapidement, M. Mattarella a préféré consulter les présidents des deux chambres, Roberto Fico (députés) et Elisabetta Alberti Casellati (Sénat) en fin de matinée, avant de consacrer son après-midi à un engagement prévu de longue date hors de Rome. “Rien n’a été décidé”, a déclaré une source proche du palais du Quirinal.

Giuseppe Conte devra donc s’armer de patience. Cet élégant professeur de droit de 54 ans est un spécialiste de droit civil et administratif, qui avait été présenté avant les élections par le M5S comme possible ministre chargé de “débureaucratiser” la fonction publique.

Expert en “débureaucratisation”

Né dans les Pouilles, il serait selon la presse le premier chef de gouvernement originaire du Sud en près de 30 ans. “C’est un homme qui s’est fait tout seul, un dur”, a assuré Luigi Di Maio, chef de file du M5S. “C’est un expert absolu en simplification, ‘débureaucratisation’, rationalisation de la machine administrative que tant de nos entreprises demandent”, a ajouté Matteo Salvini, patron de la Ligue.

Selon la presse, M. Mattarella réclame aussi au M5S et à la Ligue des garanties sur le respect des engagements européens et des alliances internationales. Dès mardi matin, la Commission européenne, inquiète du ton résolument anti-austérité du programme commun M5S/Ligue, a mis en garde le futur gouvernement contre des dérapages budgétaires, en rappelant au pays qu’il figurait parmi les plus endettés de la zone euro.

“Pour nous, il est important que le nouveau gouvernement italien maintienne le cap et mène une politique budgétaire responsable”, a déclaré le vice-président de la Commission européenne chargé de l’euro, Valdis Dombrovskis, dans une interview à un journal allemand.

Questions sur le CV

Le programme commun révélé vendredi par le M5S et la Ligue promet de combler les déficits avec une politique de croissance, alors que l’Institut national des statistiques a annoncé une prévision de 1,4% de progression du PIB en 2018, l’une des plus faibles de l’eurozone.

Le programme prévoit des baisses drastiques d’impôts, l’instauration d’un revenu de citoyenneté, l’abaissement de l’âge de la retraite dans le deuxième pays le plus vieux du monde, mais aussi une fermeté inédite contre la corruption ou encore un tour de vis sécuritaire, anti-immigrés et anti-islam.

Des questions sur le CV de M. Conte ont terni l’annonce de son nom. Il évoque des cours de “perfectionnement juridique” auprès des universités de Yale, La Sorbonne, Cambridge, New York University ou encore l’International Kultur Institut de Vienne, dédié uniquement à l’apprentissage de l’allemand.

Or, selon le New York Times, la NYU n’a pas gardé de trace de son passage. Les autres universités interrogées par l’AFP n’ont pas souhaité répondre, au nom de la confidentialité.

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