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Le premier ministre arménien Serge Sarkissian démissionne

Serge Sarkissian en 2016 lors d'un sommet de l'OTAN à Varsovie (archives) KEYSTONE/EPA PAP/JACEK TURCZYK sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien président arménien Serge Sarkissian, récemment nommé Premier ministre, a présenté lundi sa démission. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Erevan, ces onze derniers jours, pour réclamer son départ.

“Je quitte le poste de dirigeant du pays”, a déclaré Serge Sarkissian dans un communiqué publié sur son site officiel. “Nikol Pachinian (le chef de la contestation et député) avait raison. Et moi, je me suis trompé”, a ajouté M. Sarkissian, qui avait été élu Premier ministre par les députés voici moins d’une semaine, après avoir été dix ans président.

Cette annonce surprise est survenue quelques heures après la libération de Nikol Pachinian, interpellé la veille lors d’une manifestation de l’opposition. Celui-ci a aussitôt rejoint les protestataires dans les rues d’Erevan, en lançant: “Tout le monde a déjà compris que nous avons gagné!”

Foule en liesse

Des milliers de manifestants réunis lundi sur la place de la République, en plein centre de la capitale arménienne où est situé le siège du gouvernement, ont accueilli par des cris de joie et des applaudissements la nouvelle de la démission du Premier ministre.

Depuis le 13 avril, les manifestations se sont succédé pour exiger la démission de Serge Sarkissian, accusé par les contestataires de s’accrocher à tout prix au pouvoir. Après dix ans à la tête de l’Etat, M. Sarkissian avait fait voter une réforme constitutionnelle qui a donné des pouvoirs renforcés au Premier ministre et laissé au président un rôle essentiellement honorifique.

Un groupe de militaires actifs a également rejoint les protestations lundi, selon le ministère arménien de la Défense. Ce dernier a promis des “poursuites” contre ces soldats d'”une brigade de maintien de la paix (…) qui ont violé la loi” en participant au défilé antigouvernemental.

Etudiants dans les rues

De nombreux anciens militaires en uniforme et des étudiants de la faculté de médecine, vêtus de leurs blouses blanches, ont également participé aux manifestations de lundi à Erevan, brandissant des drapeaux arméniens et bloquant brièvement les rues.

Pour leur part, le président du Parlement Ara Babloïan, le premier vice-Premier ministre arménien, Karen Karapetian, ainsi que le ministre de la Défense, Viguen Sarkissian, ont appelé lundi à un “dialogue” entre les manifestants et les autorités.

“Je ne veux pas qu’un Arménien se batte contre un autre Arménien”, a déclaré ainsi le ministre de la Défense arménien, lors d’une conférence de presse.

“L’Arménie reconnaît le droit à manifester librement et garantit que les gens puissent exercer ce droit”, a souligné pour sa part le chef de la diplomatie Edouard Nalbandian, tout en appelant les protestataires à “respecter la loi sur les manifestations”.

“Affaire intérieure”

Le Kremlin suit “attentivement la situation en Arménie”, un “pays extrêmement important” pour la Russie et son “très proche allié”, a déclaré à Moscou le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, en prenant soin de souligner que ce mouvement de protestation était “une affaire intérieure arménienne”.

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