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Le premier ministre contraint de remanier son gouvernement

Le désormais ex-ministre suédois de l'intérieur Anders Ygeman (archives) KEYSTONE/AP TT NEWS AGENCY/HENRIK MONTGOMERY sda-ats

(Keystone-ATS) Le premier ministre suédois Stefan Löfven a annoncé jeudi le départ du gouvernement des ministres de l’intérieur et des infrastructures. Ils ont été emportés par un scandale de fuites de données sensibles détenues par un organisme public.

Poids lourd du gouvernement de centre-gauche, le ministre de l’intérieur Anders Ygeman, qui selon la presse nationale n’a pas informé à temps le chef du gouvernement de l’existence de ces fuites, abandonne ses fonctions “à sa demande”, a déclaré Stefan Löfven en conférence de presse.

Anna Johansson, ministre de tutelle de l’agence publique des transports au coeur du scandale, est débarquée.

Est en revanche maintenu dans ses fonctions le ministre de la défense Peter Hultqvist, pourtant lui aussi dans le collimateur de l’opposition du centre et de la droite qui avait lancé mercredi une procédure de motion de censure à l’encontre des trois ministres.

L’opposition a fait savoir après la conférence de presse du premier ministre qu’elle comptait toujours faire voter la destitution de Peter Hultqvist par le Riskdag, le parlement monocaméral suédois. Cette procédure, qui nécessite la convocation exceptionnelle des parlementaires, pourrait prendre plusieurs semaines.

“La confiance dans le ministre de la défense n’existe plus. M. Löfven ne prend pas ses responsabilités, c’est pourquoi nous allons demander des comptes devant le parlement”, a justifié la cheffe de file des démocrates-chrétiens, Ebba Busch Thor, sur Twitter.

Les Démocrates de Suède (extrême droite), 3e parti du Riksdag, entendent soutenir la motion de censure, qui devrait dès lors recueillir une majorité de voix.

Le chef du gouvernement tient bon

M. Löfven n’a par ailleurs pas annoncé d’élections législatives anticipées, contrairement à ce que de nombreux commentateurs politiques attendaient. Il a en outre confirmé son intention de rester à son poste jusqu’au bout de la mandature (2014-2018).

“Je n’ai pas l’intention de plonger la Suède dans une crise politique”, a-t-il prévenu. “J’ai envisagé plusieurs alternatives, et choisi la meilleure pour le pays”, lequel “fait face à de formidables défis”, a-t-il poursuivi, citant les tensions sécuritaires dans la région baltique, le Brexit et les réformes sociales et économiques que son gouvernement a engagées.

Fuites dommageables

A l’origine de cette crise, la décision de l’agence publique de transports de Suède de confier le registre des permis de conduire à des techniciens n’ayant pas d’habilitation de sécurité en république tchèque et en Roumanie, dans le cadre d’un contrat d’externalisation informatique.

L’agence avait signé en 2015 ce contrat avec la multinationale IBM, laquelle avait alors fait appel à des sous-traitants tchèques et roumains.

L’identité d’agents des services de renseignement et d’autres personnes bénéficiant d’adresses et d’identités secrètes pourrait à cette occasion avoir été compromise, selon les médias suédois.

Cette affaire, déjà ancienne mais dévoilée il y a seulement quelques semaines par les médias, “témoigne d’une grande naïveté dans l’administration de l’Etat en Suède”, avait tonné il y a quelques jours le chef de file des libéraux suédois Jan Björklund.

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