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Le Sénat italien adopte une importante réforme constitutionnelle

(Keystone-ATS) Le Sénat italien a adopté mardi une importante réforme constitutionnelle réduisant fortement ses pouvoirs. Le président du Conseil Matteo Renzi réalise grâce à ce vote un pas décisif pour moderniser le système politique et renforcer la stabilité gouvernementale.

Cette réforme est la plus importante de l’après-guerre. Elle a été adoptée par 179 voix pour, 16 voix contre et 7 abstentions et prévoit la fin du bicaméralisme parfait existant actuellement en Italie. “L’ère de la politique qui ne mène rien à son terme est terminée”, s’est félicité sur ce point M. Renzi sur sa page Facebook.

Le bicamérisme parfait avait été jugé indispensable en 1947 pour éviter tout retour au fascisme. Mais il a aussi conduit le pays à une forme de paralysie politique et d’instabilité gouvernementale. Pas moins de 63 gouvernements se sont succédé en Italie depuis l’après-guerre.

Prérogatives réduites

La réforme réduit fortement les prérogatives du Sénat. Ce dernier, qui ne comptera plus que 100 élus contre 315 actuellement, ne votera plus la confiance au gouvernement et ne s’occupera que d’un nombre limité de lois.

Le président du Conseil italien, qui avait promis en février 2014 en arrivant au pouvoir d’envoyer “à la casse” la vieille Italie, ne compte pas s’arrêter là. Le vote au Sénat devrait l’y aider. “Les réformes se font, l’Italie change. En avant toute, plus décidés que jamais”, a affirmé mardi Matteo Renzi.

Grande victoire

Ce projet est l’une des pièces maîtresses dans sa stratégie de modernisation du pays. Un succès qu’il compte bien mettre en avant auprès de la Commission européenne, appelée à examiner prochainement le projet de budget italien.

Le conseil des ministres devrait l’approuver jeudi, avant de le remettre aux autorités européennes, auprès de qui Matteo Renzi espère obtenir la flexibilité budgétaire jugée indispensable pour ranimer une croissance encore timide.

“C’est une grande victoire pour Renzi. Avec ce succès il fera voir à l’Italie et à l’Europe qu’il est capable de réformer un pays irréformable”, a jugé pour l’AFP le politologue Roberto D’Alimonte, professeur à l’université Luiss de Rome. “Un système dangereux qui met un homme seul aux commandes”, a cependant dénoncé l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi.

Matteo Renzi a également fait voter une réforme de la loi électorale à la Chambre des députés, qui permet au chef du parti de nommer les têtes de liste dans les 100 circonscriptions du pays. Une manière, dénoncent ses opposants, d’assurer aussi son pouvoir à la Chambre, en cas de victoire électorale.

Pour Sergio Fabbrini, politologue et directeur de l’école d’administration publique de la Luiss, ce genre d’accusations ne sont que des prétextes. “En Italie, un chef de gouvernement ne pourra jamais avoir le contrôle de tous les députés de sa majorité”.

Prendre l’initiative

“La force de Renzi a été de prendre l’initiative. C’est certainement une victoire pour lui car il a réussi à obtenir un changement qu’aucun gouvernement auparavant n’a pu réaliser”, a ajouté M. Fabbrini auprès de l’AFP. La première tentative de changer la Constitution sur le bicaméralisme remonte à 1983.

Le vote des sénateurs mardi représente le dernier passage délicat pour Matteo Renzi, contesté par la minorité de gauche de son Parti démocrate (PD, centre gauche) pour certaines de ses réformes, jugées trop libérales.

Il y aura un nouveau vote à la Chambre des députés qui devrait simplement entériner le texte adopté au Sénat, puis un nouveau passage rapide au Sénat, sans débat, avant un référendum, vraisemblablement vers la mi-2016. En cas de victoire très probable du oui, cette réforme constitutionnelle pourra alors entrer en vigueur avant les élections législatives prévues en 2018.

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