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Le salvadorien Oscar Romero et le pape italien Paul VI canonisés

De nombreux Salvadoriens ont fait le voyage à Rome pour assister à la canonisation de l'archevêque salvadorien assassiné Oscar Romero. KEYSTONE/AP/ANDREW MEDICHINI sda-ats

(Keystone-ATS) Deux personnalités contestées en leur temps, l’archevêque salvadorien assassiné Oscar Romero et son ami le pape italien Paul VI, sont devenus saints dimanche lors d’une grande cérémonie place Saint-Pierre au Vatican. Cinq autres bienheureux ont été proclamés saints.

Le pape argentin a prononcé la formule traditionnelle de canonisation devant des dizaines de milliers de fidèles dont de nombreux Salvadoriens ayant pu faire le voyage. “Nous déclarons et définissons saints les bienheureux Paolo VI, Oscar Arnulfo Romero Galdámez (…)”, a lancé en latin le souverain pontife.

Orphelin italien

Plus de 60’000 personnes, selon le Vatican, étaient rassemblées devant la basilique Saint-Pierre. Sa façade était ornée des portraits géants de ces sept nouveaux saints.

Le pape François portait un cordon blanc tâché de sang de Mgr Romero et une chasuble de Paul VI durant cette cérémonie de canonisation. Il a également fait saints deux prêtres italiens et deux fondatrices d’ordres religieux, une Allemande et une Espagnole, qui ont tous aidé les pauvres.

A également été canonisé Nunzio Sulprizio, mort à 19 ans au début du XIXe siècle. Le petit orphelin italien qui accepta une vie de souffrance avait été béatifié par Paul VI, qui considérait que “la jeunesse ne doit pas être considérée comme l’âge des passions désordonnées”.

“La voix des sans voix”

Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre. Il avait ainsi suscité la colère des milieux les plus conservateurs du Salvador.

Surnommé “la voix des sans voix”, cet adepte de la théologie de la libération, sans être théologien, avait été assassiné en pleine messe par un commando d’extrême droite, le 24 mars 1980, au début d’une guerre civile (1980-1992) qui fit quelque 75.000 morts et 7000 disparus au Salvador.

Mgr Oscar Romero et le pape François ont en commun “l’amour des pauvres”. A l’instar du pape argentin, l’archevêque Romero fustigeait le libéralisme économique qui opprimait les plus pauvres dans son pays.

L’Eglise a longtemps bloqué sa reconnaissance officielle, lancée sous Benoît XVI. Deux ans après l’élection de François, le Vatican a reconnu le “martyr” de Mgr Romero, ouvrant la voie à sa béatification en mai 2015 à San Salvador.

Vatican II

Paul VI, né Giovanni Battista Montini en 1897, a été pape de 1963 à 1978, achevant le concile Vatican II lancé par son prédécesseur Jean XXIII, considéré comme une adaptation majeure de l’Eglise au monde moderne. Celui qui fut béatifié en octobre 2014 est aussi celui qui dit “non” en 1968 à la pilule contraceptive, suscitant des réactions très négatives y compris au sein de l’Eglise.

Paul VI doit sa canonisation au miracle présumé d’une petite fille italienne née très prématurément en 2014 malgré le percement de sa poche amniotique et les conseils d’avortement des médecins. La mère avait prié devant une relique de Paul VI. L’encyclique Humanae Vitae de 1968 de Paul VI se prononce précisément contre la contraception et l’avortement pour des raisons thérapeutiques.

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