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Le Serbe Dodik brigue la présidence de ce “pays raté” qu’est la Bosnie

En janvier, Milora Dodik avait expliqué que son "but était le plus haut degré d'indépendance possible pour la Republika Srpska", "un objectif politique légitime" (archives). KEYSTONE/AP/AMEL EMRIC sda-ats

(Keystone-ATS) Le patron de l’entité des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik a annoncé vendredi sa candidature à la présidence tripartite de la Bosnie qu’il a pourtant qualifiée de “pays raté”. Il exprime régulièrement des velléités indépendantistes.

“Je serai définitivement candidat pour (le poste) de membre de la présidence” collégiale de Bosnie, a déclaré Milorad Dodik dans une interview à la télévision publique serbe (RTS), à Belgrade. Dans le même entretien, il a pourtant également assuré que “la Bosnie est un pays raté et défaillant”.

Depuis la fin de la guerre intercommunautaire (1992-1995), la Bosnie est divisée en deux entités principales, une fédération croato-musulmane et l’entité serbe, la Republika Srpska. Elles sont dotées d’une grande autonomie, mais réunies par de faibles institutions.

La présidence tripartite est composée d’un Bosniaque musulman (actuellement Bakir Izetbegovic), d’un Croate catholique (Dragan Covic) et d’un Serbe orthodoxe (Mladen Ivanic). Pro-UE, Mladen Ivanic est un adversaire politique de Milorad Dodik. Ce dernier affiche désormais sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine après avoir été autrefois le favori des Occidentaux qui voyaient en lui un modéré.

Réunions par vidéoconférence

D’abord Premier ministre de la Republika Srpska depuis 2006, Milorad Dodik en est le président depuis 2010. A cette fonction, il s’en prend régulièrement aux institutions de la Bosnie qu’il décrivait en 2016, dans un entretien avec l’AFP, comme “un lieu que personne ne désire”, “un concept raté”.

En janvier, il avait expliqué que son “but était le plus haut degré d’indépendance possible pour la Republika Srpska”, “un objectif politique légitime”.

Il se déplace rarement dans la capitale de Sarajevo, aujourd’hui ville très majoritairement bosniaque, où se trouve la présidence. “Ce n’est pas un problème pour moi d’aller n’importe où pour défendre les intérêts de la Republika Srpska”, a-t-il dit. “Mais en cas de provocations, comme je ne suis pas un homme qui supporte les provocations, on pourra faire des réunions par vidéoconférence.”

Selon le dernier recensement, qui remonte à 2013, la Bosnie est peuplée de 3,5 millions d’habitants. Une moitié d’entre eux sont des Bosniaques, un petit tiers des Serbes et un peu plus de 15% des Croates.

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