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Le sud de l’UE parle croissance et migrations en Grèce

Le chef du gouvernement grec Alexis Tsipras (g.) a accueilli six dirigeants du sud de l'Union européenne, ici l'Italien Matteo Renzi. KEYSTONE/AP/PETROS GIANNAKOURIS sda-ats

(Keystone-ATS) Les dirigeants des pays du sud de l’Union européenne se sont réunis vendredi à Athènes. Ils ont évoqué une plate-forme commune pour desserrer le carcan budgétaire européen et soulager la pression migratoire. Ces déclarations ont fait grincer des dents l’Eurogroupe.

A une semaine du sommet de Bratislava, la rencontre d’Athènes a rassemblé les dirigeants de la Grèce, l’Italie, la France, le Portugal, l’Espagne, Chypre et Malte, à l’invitation du premier ministre grec Alexis Tsipras.

La réunion se veut “un apport positif pour la cohésion de l’UE et de l’Eurozone, le dépassement des impasses actuelles et une nouvelle vision pour l’Europe”, a assuré M. Tsipras dans son discours d’ouverture.

Il a noté que les participants avaient en commun “d’avoir été frappés à la fois d’une manière disproportionnée par la crise économique et la crise migratoire, d’être sous pression du flux migratoire et d’être frontaliers de la zone déstabilisée du Maghreb et du Moyen-Orient”.

Aider les pays africains

Pour le président français François Hollande, le “sens” de la réunion est de “protéger les frontières, favoriser la croissance, lutter contre l’immigration, mais en même temps faire des politiques de développement et agir ensemble contre le terrorisme”.

Après l’attentat “déjoué” à Paris et l’arrestation de trois jeunes femmes radicalisées, il a insisté sur la présence “non loin d’ici”, de groupes “qui exigent qu’on les combatte”.

Alors que la Grèce et l’Italie insistent pour un meilleur partage du fardeau migratoire en Europe, notamment face au verrouillage prôné par les pays d’Europe de l’Est, le président français a mis en avant la nécessité d’un “contrôle efficace de l’immigration”. Cela se fera “en aidant considérablement les pays africains”, a-t-il plaidé.

“L’été est terminé”

Ce mini-sommet coïncidait avec une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances) à Bratislava (Slovaquie). La Grèce y a été rappelée à l’ordre pour avoir pris du retard dans la mise en oeuvre des réformes demandées par ses créanciers en échange du troisième plan d’aide financière au pays.

“La pression est de retour”, sur la Grèce, a lancé le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Il a enjoint Athènes à “ranger le matériel de camping”, car “l’été est terminé”.

Athènes et de Paris s’étaient appliqués de présenter la réunion – à laquelle participent deux pays seulement dirigés par la droite – comme un effort d’unité au service de toute l’Europe post-Brexit. Mais la droite allemande a affiché son agacement.

“Pas terriblement intelligent”

A Bratislava, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a qualifié le mini-sommet de “réunion de chefs de partis”. “En outre, quand ce sont des dirigeants de partis socialistes qui se rencontrent, la plupart du temps, il n’en sort pas quelque chose de terriblement intelligent”, a-t-il ajouté.

“Alexis Tsipras recommence les petits jeux dont il a le secret”, a lancé pour sa part l’Allemand Manfred Weber, président du groupe PPE au Parlement européen. Il a accusé MM. Hollande et Renzi de se laisser “instrumentaliser” par M. Tsipras, seul dirigeant de gauche radicale dans l’UE.

Le Premier ministre conservateur espagnol, Mariano Rajoy a décliné l’invitation faute d’investiture. Il s’est fait représenter par son secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.

Le sommet euro-méditerranéen s’inscrit dans une offensive diplomatique grecque généralisée. Samedi, les ministres des Affaires européennes du Parti socialiste européen sont conviés à Athènes par leur collègue Nikos Xydakis. Et une rencontre organisée par le chef de la diplomatie Nikos Kotzias entre sept pays du sud-est de l’Europe et sept pays arabes s’est conclue vendredi à Rhodes.

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