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Le tabac à priser et le snus n’empêchent pas de fumer

Le tabac à priser ou à mâcher aide-t-il à se passer de la cigarette? Les chercheurs lausannois répondent par la négative (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Incontestablement meilleurs pour la santé que la cigarette, le tabac à priser et le snus n’empêchent pas les jeunes de fumer. Ce serait même plutôt le contraire, selon une étude lausannoise effectuée auprès de 5000 recrues.

L’équipe de Gerhard Gmel et Joseph Studer, du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), a voulu savoir si la prise de tabac sans fumée chez les jeunes les incitait à diminuer leur consommation de cigarettes, voire à ne pas commencer à fumer du tout. Le snus est du tabac humide en poudre vendu tel quel ou sous forme de petits sachets perméables à placer dans la bouche.

En Suède et en Norvège, le snus est en effet devenu de plus en plus populaire, parallèlement à une baisse de la consommation de cigarettes. Selon certains, cette diminution serait toutefois plutôt due aux campagnes anti-tabac. Aux Etats-Unis, aucun lien n’a pu être établi entre la popularité croissante du snus et le recul du tabac à fumer.

En Suisse, rien n’indique que ces alternatives sans fumée aient un effet positif sur les fumeurs, rapportent les chercheurs dans la revue Nicotine & Tobacco Research. Pire, elles augmentent même la probabilité que les jeunes adultes commencent à fumer.

Effet inverse plus net

Parmi les participants à l’étude, seuls 2,5% de ceux qui fumaient quotidiennement ont indiqué avoir cessé grâce à la prise de tabac oral ou à priser. L’effet inverse était beaucoup plus net: les non-fumeurs qui au début de l’étude consommaient déjà du tabac sans fumée en petites quantités avaient davantage de probabilités de passer à la cigarette. Ceux qui ont commencé en cours d’étude aussi.

Les recrues qui fumaient déjà avaient également plutôt tendance à continuer, même si elles pratiquaient aussi le snus ou le tabac à priser en parallèle. Ces alternatives n’ont donc pas d’effet positif sur la consommation de cigarettes, du moins pour cette classe d’âge – environ 20 ans – en Suisse, selon les conclusions des chercheurs. Elles seraient même plutôt nuisibles.

Etudes supplémentaires

Des études supplémentaires sont nécessaires pour vérifier par exemple si elles peuvent être profitables pour certains groupes spécifiques dans le but d’arrêter de fumer, notent encore les scientifiques. De même, leurs effets sur la santé devraient être sérieusement investigués avant qu’un pays n’en fasse la promotion comme alternative à la cigarette.

Le snus augmente en effet le risque de cancer de la cavité buccale et de déchaussement des dents. Contenant une trentaine de substances cancérigènes, il pourrait également favoriser le cancer de l’oesophage ou du pancréas, ainsi que les problèmes cardiaques.

Contrairement au tabac à priser, le snus est interdit à la vente en Suisse, bien qu’on puisse s’en procurer facilement. En importer de petites quantités pour son usage personnel n’est pas punissable. Il est également interdit de vente dans l’Union européenne, la Suède bénéficiant d’une clause d’exception.

La situation légale ne devrait pas se modifier notablement dans l’immédiat en Suisse, le Parlement ayant renvoyé fin 2016 la très controversée loi sur les produits du tabac au Conseil fédéral.

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