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Le tueur en série Francis Heaulme rejugé pour un double meurtre

Le tueur en série français Francis Heaulme est rejugé en appel à partir de mardi pour le meurtre de deux enfants en 1986 (image symbolique). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le tueur en série français Francis Heaulme est rejugé en appel à partir de mardi pour le meurtre de deux enfants en 1986, un crime qu’il a toujours nié. Il s’agit du sixième procès lié à cette affaire.

Cyril Beining et Alexandre Beckrich, 8 ans, avaient été retrouvés morts sur le talus d’une voie ferrée à Montigny-lès-Metz, une petite ville du nord-est du pays, le crâne fracassé à coups de pierre, au soir du 28 septembre 1986.

Ce double meurtre a valu à un riverain, Patrick Dils, 16 ans à l’époque, d’être condamné à tort à la perpétuité et de passer 15 ans derrière les barreaux. Il avait été libéré à la faveur de la révision de son procès en 2002.

Dans cette affaire, trois procès ont eu pour accusé Patrick Dils, finalement acquitté, et deux Francis Heaulme.

Neuf autres meurtres

Le premier avait été annulé en raison de révélations impliquant un autre suspect, lequel a finalement bénéficié d’un non-lieu. Puis le 17 mai 2017, la cour d’assises de la Moselle a condamné à la perpétuité celui qu’on appelle le “routard du crime”. Pendant ce procès Heaulme a répété inlassablement: “Montigny, c’est pas moi”. Il a ensuite fait appel.

L’accusé, 59 ans, a déjà été reconnu coupable de neuf autres meurtres, dont certains qu’il a avoués. Cependant, il “n’accepte pas qu’on dise qu’il a tué les enfants de Montigny”, assure son avocate, Me Liliane Glock.

L’acquittement de Patrick Dils, obtenu en raison de la présence attestée de Heaulme sur les lieux le jour du crime, n’est pas “la démonstration de son innocence, mais la consécration d’un doute”, affirme un autre avocat de la défense, Alexandre Bouthier. Un doute qui doit aussi “profiter” à Francis Heaulme, ajoute-t-il.

“Quasi-signature criminelle”

Pour l’accusation, malgré l’absence de toute preuve matérielle, détruites ou introuvables, la culpabilité du tueur ne fait aucun doute. Sa présence sur les lieux à l’époque des faits, les témoignages de deux anciens codétenus ayant recueilli ses confidences et des similitudes avec quatre de ses meurtres – une “quasi-signature criminelle” – le désignent comme le meurtrier.

Heaulme, s’il a toujours nié, a parfois reconnu avoir vu les enfants vivants, puis morts, et a décrit avec précision les lieux. Insuffisant pour la famille Beckrich, qui ne croit pas en la culpabilité de Francis Heaulme. “On n’attend rien de ce procès”, affirme leur avocat, Me Dominique Rondu.

Sa consoeur Me Dominique Boh-Petit, qui représente la mère de Cyril Bening, défend en revanche la thèse de la culpabilité de Heaulme. C’est grâce à elle et à la ténacité de sa cliente, Chantal Bening, que le tueur en série a pu être traduit en justice, après près de 30 ans d’errements judiciaires.

Verdict en décembre

Le procès doit durer 14 jours, avec un verdict attendu le 21 décembre.

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