Des perspectives suisses en 10 langues

Le Valium à faibles doses peut améliorer la compétitivité sociale

Le Valium, ou diazépam, qui date de 1963, sert toujours de référence en matière de tranquillisants (archives). KEYSTONE/AYSE YAVAS sda-ats

(Keystone-ATS) Le Valium à faibles doses peut améliorer la compétitivité sociale, du moins chez le rat, selon une étude de l’EPFL. Cet anxiolytique accroît l’activité des mitochondries dans les neurones d’un circuit cérébral associé à la motivation et à la récompense.

Des études antérieures avaient suggéré que les médicaments anxiolytiques – par exemple les benzodiazépines, dont fait partie le diazépam (Valium) – pourraient peut-être soulager le sentiment de subordination sociale lié à l’anxiété, mais la preuve en était restée mince, si bien que l’idée a été disqualifiée par la communauté scientifique, a indiqué l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) mardi dans un communiqué.

Le laboratoire de Carmen Sandi, qui effectue de longue date des recherches sur l’anxiété en tant que trait de personnalité, vient de montrer que de faibles doses de diazépam aident des rats fortement anxieux à surmonter leur désavantage dans la compétition sociale.

Les scientifiques ont également trouvé que cela aidait les rats moyennement anxieux à accroître leur habilité à rivaliser socialement. Par ailleurs, de faibles doses de diazépam n’ont pas aidé les rats peu anxieux à augmenter leur compétitivité sociale, déjà élevée.

Aires cérébrales impliquées

Soucieux de rapprocher ce changement comportemental à la neuroscience, les chercheurs ont observé les circuits neuronaux impliqués. En particulier, ils se sont concentrés sur deux aires du cerveau: d’une part, l’aire tegmentale ventrale (VTA), qui est une des régions du cerveau où le diazépam est connu pour agir.

D’autre part, ils ont examiné le noyau accumbens, qui reçoit des informations de la VTA, et dont le laboratoire a déjà démontré qu’il était fortement impliqué dans l’anxiété en tant que trait de personnalité et dans la compétitivité sociale. Ces deux régions sont connues pour être actives dans les processus de motivation et de récompense.

Les scientifiques ont montré que le diazépam augmente la sécrétion du neurotransmetteur dopamine des neurones de la VTA vers le noyau accumbens. L’accroissement de la dopamine agit sur des récepteurs spécialisés sur les neurones du noyau accumbens (récepteurs de dopamine D1) et les active.

En retour, ceux-ci déclenchent une cascade biochimique qui accroît l’activité et la production d’énergie des mitochondries des neurones – les centrales énergétiques des cellules.

Plus précisément, les mitochondries augmentent leur “respiration”, soit l’ensemble de réactions métaboliques qui décomposent le glucose et le transforment en ATP, la molécule énergétique de la cellule. En résumé, le diazépam augmente l’ATP dans les neurones du noyau accumbens, et au bout du compte cela accroît les capacités de l’individu à rivaliser socialement.

Cible prometteuse

Ce travail publié dans la revue Molecular Psychiatry établit donc le rôle des anxiolytiques dans la lutte contre la subordination sociale et, de manière plus importante, montre que la fonction mitochondriale est une cible prometteuse pour le traitement médicamenteux des dysfonctionnements sociaux.

Selon Carmen Sandi, citée dans le communiqué, “des changements similaires dans la fonction mitochondriale pourraient également être atteints par des programmes d’entraînement comportemental ou des interventions nutritionnelles”.

Son groupe est d’ores et déjà à la recherche d’interventions efficaces, non pharmacologiques, qui visent les mêmes mécanismes dans le cerveau pour améliorer les dysfonctionnements comportementaux liés à l’anxiété.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision