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Le virus d’immunodéficience du singe beaucoup plus ancien qu’estimé

(Keystone-ATS) Washington – L’origine du virus d’immunodéficience simien (VIS), ancêtre présumé du VIH responsable du sida, serait nettement plus ancienne qu’estimée. Elle daterait de 32.000 à 75.000 ans, selon des analyses génétiques.
Cette découverte pourrait signifier que le le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), apparu seulement au XXe siècle, pourrait rester virulent encore très longtemps avant de devenir relativement inoffensif comme le VIS aujourd’hui, relèvent ces chercheurs.
Les résultats de cette recherche, conduite sur des souches de VIS trouvées exclusivement chez des singes de l’île de Bioko dans le Golfe de Guinée près des côtes du Cameroun, remettent totalement en question les estimations de seulement plusieurs centaines d’années faites avant cela.
Bioko est une ancienne péninsule séparée du continent africain après l’âge glaciaire il y a plus de 10.000 ans. Le VIS dont sont porteurs naturellement nombre d’espèces de singes ne provoque pas le sida chez la plupart de ces animaux.
Dizaines de milliers d’annéesCette étude, publiée dans la revue américaine Science datée du 17 septembre, montre qu’il a fallu plusieurs dizaines de milliers d’années pour que le VIS évolue et devienne inoffensif chez les singes, relève Michael Worobey, professeur au département d’écologie et de biologie de Université d’Arizona.
Selon lui, cela signifie qu’il faudra probablement très longtemps avant que le VIH suive naturellement la même évolution. Cette étude soulève aussi des questions quant à l’origine du VIH dont les scientifiques pensent qu’il a évolué à partir du VIS.
Si les humains ont été exposés à des singes infectés avec le VIS pendant probablement des dizaines de milliers d’années en Afrique, pourquoi l’épidémie de VIH n’a-t-elle commencé qu’au XXe siècle? s’interrogent ces chercheurs.
“Il s’est passé quelque chose au siècle dernier pour changer ce rétrovirus relativement inoffensif en un pathogène d’une plus grande virulence capable de déclencher l’épidémie”, note Preston Marx de l’Université Tulane à la Nouvelle-Orléans, co-auteur de l’étude.

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