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Le vote animaliste n’est pas un vote écologiste

Les animalistes français ont réalisé leurs meilleurs scores dans le quart nord-est du pays, la grande périphérie francilienne, et l'extrême sud-est (archives). KEYSTONE/AP/BOB EDME sda-ats

(Keystone-ATS) Le vote animaliste, qui a réuni 2,2% des voix aux élections européennes du 26 mai en France, n’est pas un vote écologiste. Il s’agit d’un vote péri-urbain, freiné dans les régions d’élevage, urbanisées ou déchristianisées, selon une étude publiée jeudi.

La liste du parti animaliste a obtenu 2,16% des voix le 26 mai. Elle avait devancé la liste pro-Frexit de François Asselineau (1,17%) et celle des Patriotes de Florian Philippot (0,65%), arrivant juste derrière celles du Parti communiste (2,49%) et de l’UDI (2,50%).

Les animalistes ont réalisé leurs meilleurs scores dans le quart nord-est du pays, la grande périphérie francilienne, et l’extrême sud-est, constatent les auteurs de l’étude publiée par la fondation Jean Jaurès. Ce vote apparaît ainsi comme “antithétique” au vote en faveur des Verts, dont les zones de force sont davantage situées dans le coeur des grandes métropoles, l’Ouest et en Rhône-Alpes.

Thématiques différentes

Les thématiques des deux mouvements ne sont pas non plus les mêmes: “la souffrance animale, le sort des animaux de compagnie et d’élevage ne sont pas au coeur du discours des écologistes qui dénoncent plus volontiers les excès du productivisme et l’impact néfaste de nos modes de vie sur la planète et le climat, enjeux moins prégnants pour les animalistes”.

La carte du vote animaliste présente en revanche “certaines similitudes” avec celle du vote pour le Rassemblement national (RN).

Mais “l’hypothèse d’une porosité entre les deux électorats n’explique qu’à la marge cette similitude d’implantation”, estiment les auteurs, qui privilégient davantage la thèse d’un espace électoral “laissé vacant par la décomposition du paysage politique traditionnel organisé autour du clivage gauche/droite”.

Couche moyenne inférieure

Le parti animaliste, qui “a préférentiellement capté des voix dans la classe moyenne inférieure”, est freiné par trois “couches protectrices”, selon l’étude. Il est plus faible dans les régions où l’élevage est très présent et fait vivre une partie de la population.

Cet électorat est également moins présent dans les territoires très urbanisés mais plus important dans les zones périurbaines d’habitat individuel avec jardins et espaces récréatifs.

Enfin ce vote est d’autant plus élevé que la région est précocement déchristianisée (Bassin parisien, Var, Alpes-Maritimes…), “dans la mesure où la distinction (et la supériorité) de l’homme sur l’animal a été théorisée et instituée par le catholicisme”, affirment les auteurs.

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