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Les écoles de samba font leur spectacle au carnaval de Rio

Treize écoles se disputent le titre dans le sambodrome de Rio de Janeiro. KEYSTONE/EPA EFE/ANTONIO LACERDA sda-ats

(Keystone-ATS) Le moment le plus attendu du carnaval de Rio de Janeiro, au Brésil, est arrivé, avec le début du défilé des plus grandes écoles de samba. Plus de 72’000 personnes se sont rassemblées dès dimanche au sambodrome pour ce spectacle haut en couleur.

Império Serrano, une des écoles les plus traditionnelles, avec neuf titres à son palmarès, a ouvert le bal sur le thème de la Chine, pour son retour dans l’élite du carnaval après huit ans d’absence. Leurs premiers chars représentaient une pagode monumentale, suivie de deux dragons dorés à la tête articulée.

Comme au football, il y a plusieurs divisions: les écoles de samba qui aspirent à intégrer l’élite ouvrent le bal vendredi et samedi, mais les principaux défilés ont lieu les nuits suivantes, sept dimanche et six lundi. Pendant toute la nuit, les écoles se succèdent avec leurs chars immenses, leurs costumes extravagants et leurs percussions assourdissantes.

Ce défilé est non seulement un grand spectacle, mais aussi une âpre compétition. Chaque formation est notée sur des critères très précis, comme la qualité de la musique, des chars ou la pertinence du thème choisi.

“C’est magique”

Le travail d’une année entière est jugé en un peu plus d’une heure de défilé.

“C’est comme si on entrait dans le Maracana (mythique stade de football de Rio) pour jouer une finale. Tout le monde nous applaudit. C’est magique”, s’émeut Jorge Alves, 55 ans, qui défilait pour Imperio Serrano en tenue de guerrier mongol avec un trident et un casque pointu à poils roux.

“C’est une des plus grandes émotions possibles. Au début, on est aveuglé par les lumières et après on a la chair de poule du début à la fin”, renchérit Raquel Oliveira, défilant pour la même école.

L’an dernier, le carnaval de Rio a sacré deux écoles, qui ont terminé championnes ex aequo et tenteront de défendre leur titre. Mocidade devait défiler en dernier et Portela sera la deuxième école à se présenter lundi.

Les normes de sécurité ont été renforcées pour cette édition et les conducteurs de chars ont subi pour la première fois des éthylotests avant les défilés.

Au-delà du sambodrome, des millions de fêtards continuaient à défiler déguisés dans les “blocos”, cortèges qui attirent les foules dans les rues de Rio notamment.

Le maire se défile

Mais au delà des plumes, des paillettes et de la sensualité exacerbée, le cru 2018 du “plus grand spectacle de la terre” incarnait aussi la révolte d’une population exaspérée par la violence et la corruption. Certaines écoles de samba en ont profité pour délivrer des messages politiques.

Une des principales cibles: le maire de la ville Marcelo Crivella, qui a suscité de vivres critiques en divisant par deux les subventions octroyées aux écoles. Dimanche, il a publié une vidéo sur Facebook annonçant qu’il s’envolait le soir même pour l’Europe, confirmant qu’il n’assisterait à aucun défilé, comme l’an dernier.

L’école Mangueira l’a gratifié de piques aiguisées, avec une chanson dont l’un des principaux refrain était “le péché, c’est de ne pas s’amuser au carnaval”. Sur un char, son effigie apparaissait une corde au cou, comme un “mannequin de Judas”, sorte d’épouvantail que les Brésiliens rouent de coups la veille de Pâques.

Un autre char montre une représentation du christ rédempteur avec une pancarte où il était écrit: “le maire ne sait pas ce qu’il fait”.

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