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Les épiceries en vrac, un marché en pleine expansion

Pour les épiciers, la vente en vrac va provoquer toujours plus d'émules (photo symbolique). KEYSTONE/ALEXANDRA WEY sda-ats

(Keystone-ATS) Depuis quelques années, les épiceries en vrac se développent rapidement à travers la Suisse. Et le phénomène ne semble pas prêt à s’arrêter: plusieurs projets sont en gestation.

Difficile de dire exactement quand la tendance du “sans emballage” a été lancée. Mais l’engouement pour le vrac est bien présent. Un exemple? L’épicerie sédunoise “Chez Mamie”. “Avant même l’ouverture en mai 2016, nous avons reçu beaucoup de demandes sur de possibles succursales dans d’autres villes”, confie Eslyne Charrier, copropriétaire du commerce.

Quelque peu perplexes et incertains quant à la marche à suivre, les fondateurs se documentent et finissent par lancer un système de franchise. Agencement et assortiment de base seront fournis, aux personnes intéressées de trouver le lieu et les produits plus locaux.

La réussite est au rendez-vous. En moins d’un an, sept commerces franchisés voient le jour dans quatre cantons – Valais, Vaud, Zurich et Berne. Deux autres doivent ouvrir à Corcelles (NE) en avril et à Payerne (VD) en mai. Autre indice de son succès: l’épicerie a plus que doublé le nombre de références vendues, passant de 150 à 350.

Clientèle variée

Si les magasins “Chez Mamie” se sont propagés rapidement, ils ne sont de loin pas les seuls du genre. Des épiceries en vrac ont essaimé aussi bien dans les grands centres urbains, tels que Genève, Lausanne et Bienne, que dans les endroits plus reculés, comme à Enney ou Marly (FR).

Laurianne Altwegg, responsable Environnement, Agriculture et Energie de la Fédération romande des consommateurs (FRC), note toutefois qu'”il est plus facile de disposer de suffisamment de clients dans une ville que dans un village”. Selon elle, le profil-type du consommateur de produits en vrac est la jeune femme urbaine appartenant à la classe moyenne supérieure.

Les propriétaires de magasins confirment en partie cette analyse. “Plein de jeunes viennent chez nous. Mais on a aussi un peu de tout”, affirme Solène Laurenceau, du magasin Obio Partage à Marly. Même constat chez Nature en Vrac à Genève.

Eslyne Charrier remarque également une clientèle variée qui va de “la petite mamie trop contente de retrouver l’épicerie de son enfance” aux “mères de famille, âgées entre 25 et 40 ans et accompagnées de leurs enfants”. Et de préciser qu'”il ne s’agit plus juste de se nourrir, mais également d’éduquer”.

Prix abordables

Quant à la question du prix, les commerçants concèdent qu’il peut être plus élevé chez eux que dans les grandes surfaces. En raison: l’impossibilité d’acheter en aussi grande quantité et des produits souvent bio et par conséquent plus onéreux. “Par contre, le client n’achète que ce qu’il consomme”, précise Eslyne Charrier. “Ca peut donc lui revenir moins cher.”

Une analyse confirmée par Laurianne Altwegg. “Si le consommateur gère bien les quantités, l’achat de produits en vrac plutôt que dans les supermarchés traditionnels n’a forcément pas d’impact sur son budget”.

Par ailleurs, la vente sans emballage ne se limite pas, contrairement aux idées reçues, aux céréales et autres produits secs. “Viandes et produits laitiers peuvent être vendus en vrac. C’est simplement une question d’organisation”, affirme Solène Laurenceau.

“Du point de vue légal, il n’y a pas non plus de limite. Les critères d’hygiène et les teneurs maximales de germes pour ces denrées sensibles sont les mêmes, qu’elles soient vendues préemballées ou en vrac”, atteste Barbara Pfenniger, responsable Alimentation à la FRC.

“Dynamique de fond”

Pour les épiciers, le vrac va provoquer toujours plus d’émules. “C’est une dynamique de fond lente, mais présente”, assure Solène Laurenceau. Quant à Eslyne Charrier, elle est persuadée que le phénomène est durable, car “les gens ont compris qu’on les prend pour des pigeons et qu’on leur vend du packaging”.

Concédant que la demande est présente, Lauriane Altwegg rappelle que la vente en vrac est encore un marché de niche. “Le phénomène pourrait cependant s’étendre”, estime-t-elle. “Avec l’introduction de la taxe au sac dans certains cantons encore exemptés, les consommateurs voudront limiter les emballages pour réduire leurs poubelles.”

Un petit tour sur la plateforme de financement participatif we make it laisse également augurer une poursuite de la tendance dans les années à venir. Pas moins de quatre projets viennent d’y achever avec succès leur récolte de fonds et ouvriront bientôt leurs portes.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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