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Les abeilles se parlent, selon des chercheurs français

(Keystone-ATS) Les abeilles se parlent-elles? Une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) à Avignon (F) a isolé des vibrations particulières émises dans les ruches, comme un claquement sec, qui correspondraient à une forme de communication avec une poignée de “mots”.

Pour Yves Le Conte, directeur de l’unité Abeilles et Environnement à l’Inra, “cela voudrait dire qu’elles disposent d’un autre mode de communication que celui des phéromones”, le langage des hormones. Pour passionné qu’il soit, le biologiste ne s’avance pas à parler de “sons” mais envisage l’hypothèse d’un “profil vibratoire” de cinq à six “mots” échangés dans la ruche, enregistré grâce à des capteurs hypersensibles.

Une fois modélisées, ces vibrations indétectables à l’oreille forment une émouvante bande-son sur l’écran de son ordinateur, des “kak kak” proches des sons du criquet, qui semblent se répondre et dont le chercheur conserve jalousement l’enregistrement en laboratoire dans l’attente d’une publication prochaine de ses travaux.

“Si elles font ça, c’est forcément pour communiquer, reste à trouver ce qu’elles se disent et comment elles émettent cette vibration particulière”, juge-t-il.

Détecter l’essaimage

Cette découverte s’est faite grâce à sa collaboration avec un physicien de l’université de Nottingham, en Angleterre: Martin Benzick, spécialiste des vibrations, pensait possible de prédire à l’avance certaines activités des abeilles.

M. Benzick a mis au point le “SwarMonitor” qui permet de prévoir à l’avance quand la colonie est prête à essaimer. Quand l’essaimage se produit, explique Yves Le Conte, il cause de lourdes pertes à l’apiculteur: il voit partir l’ancienne reine avec la moitié de ses abeilles pour se reproduire ailleurs en formant un essaim dans les arbres, ou sous les toits.

“L’idée était de permettre à l’apiculteur de prévenir l’essaimage, par exemple en séparant sa colonie en deux. On a décidé de s’en servir plus largement pour prédire la santé des colonies”, reprend le biologiste.

“Deux fois par mois, on ouvre la ruche pour vérifier l’éventuelle présence de prédateurs et ou de maladie” précise M. Le Conte. “A terme l’idée est de permettre à chaque apiculteur de s’équiper. Pour un prix modique qui sera sans doute de 2 ou 3 euros par capteur, il pourra être directement alerté par l’activité des abeilles en cas de problème. Elles enverront elles-mêmes le signal: je suis malade, je suis attaquée”, prédit le chercheur.

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