Des perspectives suisses en 10 langues

Les autorités allemandes durcissent le ton avec Volkswagen

(Keystone-ATS) Les autorités allemandes ont décidé d’imposer au constructeur un gigantesque rappel, une approche directive qui pourrait faire école. Des perquisitions ont en outre eu lieu en Italie.

“Nous allons ordonner le rappel” de 2,4 millions de véhicules en circulation en Allemagne et équipés d’un moteur truqué, a déclaré un porte-parole de l’Autorité fédérale des transports KBA. Quelque 2,8 millions étaient évoqués initialement, mais certains ne sont plus en circulation.

Le ministre des transports, Alexander Dobrindt, supérieur hiérarchique de la KBA, a justifié ce régime coercitif par “la dimension” du rappel, qui “rend nécessaire un certain degré de contrôle”. Habituellement, l’organisme supervise juste les rappels.

Solutions techniques demandées

La KBA attend d’ici fin octobre la présentation par Volkswagen de sa solution technique pour les moteurs diesel 2 litres, et d’ici fin novembre les détails du plan pour les moteurs 1,2 et 1,6 litre.

Rien ne change en revanche pour le calendrier des rappels communiqué la semaine dernière par le patron de Volkswagen Matthias Müller. Ils doivent débuter s’étaler sur 2016. Ce délai, justifié par des contraintes techniques, a été jugé trop long par certaines organisations comme Greenpeace.

Volkswagen, géant aux 12 marques et 200 milliards d’euros (217 milliards de francs) de chiffre d’affaires annuel, a avoué le mois dernier avoir installé sur le moteur diesel de 11 millions de véhicules dans le monde un logiciel faussant les résultats des tests antipollution. Les marques VW, Audi, Seat et Skoda sont concernées.

Rappel généralisé

Outre l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France sont très touchés, avec chacun environ 1 million de véhicules. L’Autriche, où circulent plus de 300’000 voitures manipulées, a indiqué par une porte-parole du ministère des Transports à Vienne que “l’ordre donné par la KBA vaut aussi pour les véhicules qui circulent en Autriche”.

Suite à l’injonction des autorités allemandes, le géant automobile a indiqué dans un communiqué qu’il allait rappeler 8,5 millions de véhicules dans l’Union européenne équipés d’un moteur manipulé. Il avait jusqu’ici évoqué le chiffre de 8 millions.

Dans un courrier adressé jeudi au ministre allemand des transports, le patron de Volkswagen a estimé que l’injonction de la KBA “ouvrait une possibilité d’arriver à un processus coordonné et commun pour tous les membres de l’Union européenne”, qui serait “dans l’intérêt des clients et conforme à l’esprit européen”.

Enquête en Italie

Outre l’organisation de ces rappels, sur une kyrielle de marchés, dont les Etats-Unis, où l’affaire a éclaté, Volkswagen s’expose à des amendes et des poursuites judiciaires. En Allemagne le parquet de Brunswick (nord) enquête pour fraude.

En Italie, la police a perquisitionné jeudi le siège de la branche transalpine du groupe allemand à Vérone, ainsi que celui de la célèbre marque Lamborghini à Bologne, qui fait partie du groupe Volkswagen, selon l’agence AGI. Six dirigeants du groupe font l’objet d’une enquête judiciaire.

Au cours d’une audition mercredi devant une commission du Sénat italien, le directeur général national de VW Massimo Nordio avait annoncé la suspension de la vente d’environ 1300 véhicules suspects chez les concessionnaires. la filiale avait parlé il y a deux semaines d’environ 650’000 véhicules concernés dans la péninsule.

Au moins 30 personnes

En parallèle de la gestion des conséquences de l’affaire – qui auront aussi des répercussions financières gigantesques, de 20 à 60 milliards d’euros selon les experts – Volkswagen, qui réunissait des cadres jeudi à Leipzig, a promis de faire la lumière sur les responsabilités de la manipulation.

Le magazine Der Spiegel comptait mercredi au moins une trentaine de personnes. Le constructeur a jugé ce chiffre sans “aucun fondement”. Il a déjà mis à pied quatre personnes sans en révéler l’identité.

L’Allemagne tout entière, très exportatrice et dont le destin est intimement lié à celui de son industrie automobile, s’inquiète de la réputation de ses produits à un moment critique pour son économie, exposée au tassement de la croissance dans les pays émergents.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision