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Les autorités et l’armée sonnent la fin de la sédition

Le chef des Gardiens de la révolution, le général Mohammad Ali Jafari, a minimisé mercredi l'étendue de la fronde anti-gouvernementale en Iran (archives) KEYSTONE/AP/VAHID SALEMI sda-ats

(Keystone-ATS) Les Gardiens de la révolution ont proclamé mercredi la fin du mouvement de contestation qui a vu des milliers d’Iraniens descendre dans les rues depuis près d’une semaine. Les autorités veulent minimiser l’ampleur du phénomène et Washington souffle sur la braise.

Mohammad Ali Jafari, le chef des Gardiens de la révolution (Pasdaran), a affirmé sur le site Internet de son mouvement que le nombre de “fauteurs de troubles n’avait pas dépassé les 15’000 personnes sur l’ensemble du pays”. Et il a proclamé “la fin de la sédition”. Selon les derniers bilans, les marches de protestation auraient fait 21 morts et entraîné des centaines d’arrestations.

Les troupes d’élites ont été déployées dans trois provinces (Ispahan, Lorestan et Hamadan) pour tenter de mater la rébellion.

Fin des troubles pour Rohani

“Un grand nombre de fauteurs de troubles ont reçu une formation de la part de la contre-révolution et des monafeghine (hypocrites, ndlr)”, a commenté le général Ali Jafari, utilisant un terme désignant les Moudjahidine du peuple, principale formation de l’opposition en exil. Ceux-ci “ont été arrêtés et il y aura une action ferme contre eux”, a-t-il déjà promis.

La classe politique (réformateurs comme conservateurs) s’est positionnée contre les troubles partis le 28 décembre dernier de Machhad, seconde ville d’Iran. Lors d’un entretien téléphonique mercredi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le président iranien Hassan Rohani, qui avait auparavant parlé d’une “petite minorité” de contestataires, a déclaré espérer la fin des troubles dans son pays “dans quelques jours”, selon la présidence turque.

Les pro-régime en force

Seules quelques petites protestations sporadiques en province ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Rien apparemment de comparable avec les précédentes nuits de contestation contre l’austérité et le pouvoir.

Les manifestants pro-régime ont pour leur part poursuivi le mouvement mercredi, munis de banderoles dénonçant les “fauteurs de troubles”, ainsi que des slogans en faveur du guide suprême Ali Khamenei, mais aussi des “Mort à l’Amérique” ou “Mort à Israël”.

La TV d’Etat a montré des images en direct de manifestations massives dans plusieurs villes, à Kermanshah (ouest), à Ilam (ouest) et à Gorgan (nord). “Nous offrons à notre guide le sang qui coule dans nos veines”, ont scandé les participants en brandissant des drapeaux iraniens. Dans la ville sainte de Qom, la foule a crié “Mort aux mercenaires américains !”. D’autres manifestations pro-régime étaient prévues jeudi à Ispahan et à Machhad.

Dans son message, le général Ali Jafari a aussi fait valoir que des milliers de personnes avaient été “entraînées” par les Etats-Unis pour “fomenter des troubles en Iran”.

Trump soutient les opposants

Donald Trump, qui a fait du régime iranien sa bête noire, n’a cessé depuis le début des manifestations de soutenir les protestataires et condamner le pouvoir à Téhéran. Il a réitéré mercredi en déclarant sur Twitter vouloir soutenir “le moment venu” ceux qui manifestent. “Respect pour le peuple d’Iran qui essaie de faire reculer son gouvernement corrompu”, a encore twitté le président américain.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, a demandé des réunions d’urgence du Conseil de sécurité à New York et du Conseil des droits de l’Homme à Genève sur l’Iran. Quant au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, il a exigé que “les droits à se rassembler pacifiquement et à l’expression du peuple iranien soient respectés”. Il a aussi appelé à contenir la violence.

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