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Les avocats d’Erwin Sperisen demandent sa mise en liberté

L'ex-patron de la police nationale civile du Guatemala, Erwin Sperisen (ici lors d'une opération anti-gang à Guatemala City en 2006), a été condamné en mai 2015 à la prison à vie par la justice genevoise pour avoir pris part à l'exécution extrajudiciaire de dix détenus entre 2005 et 2006 (archive). KEYSTONE/AP/MOISES CASTILLO sda-ats

(Keystone-ATS) Condamné à la prison à vie par la justice genevoise, l’ex-chef de la police du Guatelama, Erwin Sperisen, demande sa mise en liberté. Ses avocats basent cette requête sur le récent acquittement du supérieur de M. Sperisen.

La demande de mise en liberté immédiate a été adressée mardi à la présidente de la Chambre pénale d’appel et de révision, ont indiqué devant la presse Giorgio Campa et Florian Baier, les deux avocats d’Erwin Sperisen. Une réponse est attendue d’ici une dizaine de jours.

Double national suisse et guatémaltèque, Erwin Sperisen a été reconnu coupable en mai 2015 d’avoir pris part à l’exécution extrajudiciaire de dix détenus entre 2005 et 2006. Ce verdict prononcé par la Chambre pénale d’appel et de révision de Genève fait l’objet d’un recours au Tribunal fédéral (TF) depuis septembre 2015.

160 ans requis

En attendant la décision du TF, M. Sperisen bénéficie toujours de la pleine présomption d’innocence, relèvent les avocats. “On ne peut pas rester les bras croisés, alors qu’un père de trois enfants est en détention préventive depuis quatre ans et demi”, affirment-ils. M. Sperisen est détenu à Champ-Dollon dans une cellule individuelle en raison de son ex-fonction.

La demande de mise en liberté intervient une semaine après l’acquittement de l’ex-ministre de l’intérieur guatémaltèque Carlos Vielmann prononcé par l’Audiencia Nacional de Madrid. Ce supérieur direct d’Erwin Sperisen était accusé d’avoir autorisé l’assassinat de huit détenus. Le Ministère public avait requis 160 ans de prison.

“Dans les esprits des juges”

Selon les avocats d’Erwin Sperisen, cet acquittement met à mal la motivation de la justice genevoise qui estimait que leur client faisait partie d’une structure criminelle paraétatique qui visait l’élimination de plusieurs détenu. Le chef de “cette prétendue structure”, soit Carlos Vielmann, vient d’être acquitté et Javier Figueroa, le subordonné d’Erwin Sperisen, a déjà été acquitté par la justice autrichienne en 2013, soulignent les défenseurs.

“L’organisation criminelle qui a prétendument existé et pour la participation à laquelle M. Sperisen a été condamné n’existe que dans les esprits des juges genevois”, a souligné Me Campa. “La décision de la justice genevoise se trouve maintenant en double contradiction avec la Convention européenne des droits de l’homme, puisqu’elle qualifie de coupables des personnes innocentes et acquittées, qui plus est par des tribunaux européens”, affirment les avocats.

L’ancien patron de la police guatémaltèque était venu se réfugier en Suisse en 2007. Il était tombé en disgrâce auprès du pouvoir en place après l’assassinat au Guatemala de trois députés salvadoriens par des policiers corrompus. Arrivé en Suisse avec sa famille, il a vécu pendant cinq ans à Genève sans être inquiété, avant d’être arrêté en août 2012.

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