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Les Britanniques quittent l’UE et provoquent un séisme mondial

Les résultats montrent un pays divisé, avec Londres, l'Ecosse et l'Irlande du Nord qui voulaient rester, tandis que le nord de l'Angleterre ou le Pays de Galles ont largement voté contre. KEYSTONE/AP/MATT DUNHAM sda-ats

(Keystone-ATS) Les Britanniques ont voté et décidé de quitter l’Union européenne. Ce désaveu cinglant a poussé vendredi à la démission le Premier ministre conservateur David Cameron.

Selon les résultats définitifs, 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit lors du référendum de la veille, marqué par une participation importante (72,2%). Entré dans le bloc européen en 1973, le Royaume-Uni est le premier pays à le quitter après 60 ans de construction européenne.

Alors que les sondages et les premiers résultats donnaient le “Remain” (maintien) gagnant, la tendance s’est retournée pendant la nuit et la victoire du “Leave” a été annoncée en début de matinée.

L’issue du scrutin a déclenché sur les marchés financiers un mouvement de panique sans précédent depuis la crise de 2008. La Banque d’Angleterre a été obligée de faire savoir qu’elle était prête à débloquer 250 milliards de livres (351 milliards de francs).

Après quatre mois d’une campagne violente, marquée par de fortes divisions et le meurtre d’une députée pro-UE, le camp du “Remain” aura été impuissant à empêcher la vague anti-système, et les désillusions à l’égard d’une Europe jugée distante, bureaucratique et engluée dans des crises sans fin.

Les Britanniques ont ainsi rompu avec un projet dans lequel ils étaient entrés à reculons, voyant dans l’UE avant tout un grand marché unique.

Sortie “sans précipitation”

Partisan du maintien dans l’UE, le Premier ministre conservateur David Cameron en a rapidement tiré les conclusions en annonçant sa démission. M. Cameron, à l’origine du référendum, restera en place jusqu’à l’automne. Il a ajouté qu’il appartiendrait à son successeur de lancer la négociation avec l’UE sur le processus de sortie de son pays du club des 28.

La démission de M. Cameron pose la question de sa succession, le chef de file conservateur de la campagne pro-Brexit Boris Johnson, ancien maire de Londres, étant pressenti pour le remplacer.

Sortant de chez lui, il a été hué. Il a estimé que la sortie de l’Union européenne devrait se faire “sans précipitation”. Le leader du parti europhobe UKIP, Nigel Farage, a lui appelé à la formation d’un gouvernement qui reflète le camp du “Leave”. “L’Union européenne est en train de mourir”, s’est-il aussi félicité.

Chez les travaillistes, deux députées ont déposé une motion de défiance à l’encontre de leur chef Jeremy Corbyn. Si le texte est soutenu lors d’un vote à bulletin secret, elle pourrait provoquer une crise de succession au sein du Labour.

Royaume désuni

Les résultats montrent un pays divisé, avec Londres, l’Ecosse et l’Irlande du Nord qui voulaient rester, tandis que le nord de l’Angleterre ou le Pays de Galles ont largement voté contre.

Le Brexit risque également de mettre en péril l’intégrité du Royaume-Uni. La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a déclaré que la possibilité d’un second référendum d’indépendance de sa région était désormais “sur la table”.

En Irlande du Nord, également favorable au maintien dans l’UE, le parti nationaliste Sinn Fein a appelé à un référendum sur une Irlande unifiée. Mais le Premier ministre irlandais Enda Kenny et son homologue nord irlandaise Arlene Foster ont rapidement rejeté ce scénario.

Et Madrid a estimé que le Brexit lui permettrait de récupérer Gibraltar, alors que Londres cherchait à rassurer les habitants de cette enclave britannique.

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