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Les Burundais commencent à voter pour le référendum constitutionnel

Des partisans du CNDD-FDD, le parti au pouvoir au Burundi. Ses membres "ont reçu depuis plusieurs jours la consigne de se présenter aux bureaux de vote avant 06h00 et d'avoir fini de voter vers 10h00 au plus tard", selon un cadre du parti. Keystone/AP/ sda-ats

(Keystone-ATS) Les Burundais ont commencé à voter jeudi par référendum sur une réforme de la Constitution. Ce texte pourrait permettre au président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, de rester aux commandes du pays jusqu’en 2034.

Dès l’ouverture des 11’076 bureaux de vote, à 06h00 locales (et suisses), les Burundais ont afflué aux urnes. Quelque 4,8 millions d’électeurs sont appelés à s’exprimer d’ici la clôture du scrutin à 16h00.

Le bulletin de vote ne comporte pas de question. Seule apparaît la mention “référendum constitutionnel de la République du Burundi de mai 2018”, avec les cases oui et non (“Ego” et “Oya”, en kirundi) à remplir.

Affluence

Plusieurs centaines de personnes ont afflué avant l’aube au centre de vote de l’école primaire de Ngozi II, dans la province du même nom (nord) d’où est originaire M. Nkurunziza, a constaté un photographe de l’AFP.

“Des files d’attente s’observent déjà à l’ouverture des bureaux de vote en mairie de Bujumbura. Les citoyens burundais étaient impatients d’aller voter”, a tweeté très tôt Willy Nyamitwe, le responsable de la communication présidentielle.

“Les membres du parti (au pouvoir, le CNDD-FDD) ont reçu depuis plusieurs jours la consigne de se présenter aux bureaux de vote avant 06h00 et d’avoir fini de voter vers 10h00 au plus tard”, a confié à l’AFP un cadre de ce parti, sous couvert d’anonymat.

Des témoins ont également affirmé à l’AFP que des Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, qualifiée de milice par l’ONU, passent de maison en maison en appelant les gens à aller voter dans les quartiers de Musaga et Kinama, à Bujumbura.

Crainte de l’abstention

Les autorités craignent plus que tout l’abstention. Une peine d'”un à trois ans de prison” est prévue pour quiconque se prononcerait en sa faveur.

Le Cnared, la principale plateforme de l’opposition en exil, a appelé au boycott. Les partis d’opposition intérieurs et la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (“Espoir des Burundais”) appellent à voter non plutôt qu’au boycott, par crainte de représailles.

Si elle est adoptée, la nouvelle Constitution autorisera M. Nkurunziza à briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020. L’issue du vote ne fait guère de doute tant les voix discordantes ont été étouffées.

La campagne référendaire a été marquée par les enlèvements, meurtres ou arrestations arbitraires, selon des organisations de défense des droits de l’Homme, qui dénoncent également l’absence de réel débat démocratique. Le projet de révision a également été condamné par la communauté internationale, dont l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Union africaine.

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