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Les CFF pourront faire baisser le prix du billet, dit Andreas Meyer

(Keystone-ATS) Les CFF cherchent une solution de financement qui n’implique plus le report du prix du sillon sur celui du billet. Interrogé par Le Matin Dimanche, leur patron Andreas Meyer prône un changement de système pour éviter l'”impasse” d’une hausse continue des tarifs.

“Le Conseil fédéral va augmenter le prix du sillon de 100 millions de francs” en 2017 pour l’utilisation du réseau, après “une hausse de 250 millions” récemment, des sommes avant tout à la charge de la division “Voyageurs”, rappelle M. Meyer dans l’hebdomadaire orange. “Si nous continuons à augmenter les prix par grands paliers, nous arriverons à une limite qui n’est plus supportable pour le client.”

L’alternative? Développer d’autres sources de financement des prestations, mais aussi “accroître les recettes en augmentant le taux d’occupation des places assises dans le train”, souligne le directeur général de l’entreprise ferroviaire.

Heures creuses

“Sur les lignes régionales, ce taux est de 22%”, contre “28% sur l’ensemble du réseau”, chiffre M. Meyer. “Nous devons trouver les bons leviers pour inciter les Suisses à voyager durant les heures creuses, pas seulement durant les heures de pointe”, explique-t-il, assurant que les CFF s’engagent avec d’autres entreprises pour davantage de flexibilité dans la vie professionnelle et privée.

Le patron de l’ex-régie fédérale avait déjà donné des idées pour attirer les clients durant les heures creuses dans une interview à la NZZ am Sonntag en décembre dernier. Il y avait évoqué l’idée de cafés gratuits ou de bons d’achat offerts dans les trains peu courus. Une autre serait de rendre les clients plus attentifs aux trains moins fréquentés sur le trajet choisi.

Andreas Meyer ne se montre par contre pas très convaincu par l’idée d’un prix différencié du billet. “Il faut un système très avancé pour faire cette différenciation”, et dans l’idéal, “ouvert et sans réservation” pour ne pas perdre les avantages de la mobilité, affirme-t-il. “Cela n’existe pas. C’est trop tôt pour en parler, car on ne connaît pas les grandes lignes.”

CFF Cargo, “gros souci”

Concernant CFF Cargo, le patron de l’entreprise ferroviaire estimait fin mars les répercussions du franc fort à 20 millions de francs sur l’exercice 2015. Il parle désormais de perte sèche de 30 millions et de retour dans les chiffres rouges. “En mai dernier, les volumes de marchandises transportées en Suisse avaient diminué de 5% par rapport à 2014”, illustre-t-il. “C’est un gros souci.”

Afin de répondre à cette crise, “nous tentons de renforcer nos partenariats à long terme avec nos partenaires et nos clients pour être plus compétitifs”, poursuit Andreas Meyer. “Nous devons acheter des services à l’étranger pour réduire les pertes et nous devons aussi augmenter notre productivité.”

Et ce n’est pas l’ouverture du tunnel de base du Gothard en 2016 qui va aider à atteindre ce dernier point, même avec une meilleure productivité de fait dans le trafic nord-sud. “Les entreprises de transport tierces parcourront la Suisse avec leur structure de coûts en Europe et le tunnel à disposition de la concurrence augmentera plutôt la pression sur les sociétés suisses. Et donc sur notre division fret, CFF Cargo”, note M. Meyer.

“Le grand défi”

Le directeur général des CFF s’exprime par ailleurs sur l’extension du réseau. “Nous voulons doubler la capacité sur l’arc lémanique, sur les lignes entre Zurich et Winterthour, Aarau et Zurich”, dit-il. “C’est le grand défi pour la prochaine étape du transport ferroviaire.”

En tout, les CFF investissent plus de six milliards de francs jusqu’en 2030 dans l’arc lémanique, dont trois pour Léman 2030, avec la modernisation des gares de Lausanne et Genève, rappelle M. Meyer. Ils serviront aussi à financer une hausse de l’offre sur la ligne Lausanne-Genève, le nouveau RER franco-valdo-genevois Léman Express et les rames à deux étages en service dès 2017 sur l’axe lémanique.

Moins de guichets

Dans un entretien à la SonntagsZeitung, la directrice de la division Voyageurs des CFF Jeannine Pilloud défend le SwissPass, introduit par étapes depuis le mois de juin. Outre l’abonnement général et le demi-tarif, il sera à terme possible de charger sur cette carte d’autres offres de transports, comme Unireso ou Mobility car sharing. L’application smartphones est prévue pour 2016 ou 2017.

Jeannine Pilloud annonce par ailleurs des suppressions de points de vente dans les régions périphériques à partir de 2020, à supposer que les clients achètent plus de billets électroniques et se rendent donc moins souvent aux guichets. En revanche, l’offre sera étendue, au besoin, dans les centres urbains.

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