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Les cheminots massivement opposés à la réforme de la SNCF

Les employés de la SNCF se sont prononcés à 94,97% contre la réforme du rail lors d'un "vot'action", organisée du 14 au 22 mai (archives). KEYSTONE/AP/CLAUDE PARIS sda-ats

(Keystone-ATS) Les cheminots s’opposent à 94,97% à la réforme de la SNCF préparée par le gouvernement. C’est ce qu’indiquent les résultats de la consultation syndicale, à laquelle gouvernement et direction dénient toute légitimité.

Les quatre forces représentatives – CGT, Unsa, Sud et CFDT – brandissent ce résultat comme la preuve que l’écrasante majorité des cheminots reste hostile au projet de loi en dépit de l’érosion des taux de grévistes enregistrés depuis le 3 avril.

Plus de 90’000 cheminots, soit 61,15% d’entre eux, ont pris part à cette “vot’action” organisée du 14 au 22 mai, là encore selon les syndicats.

“Ce résultat (…) doit être entendu”, a déclaré le secrétaire général de la CGT-cheminots, Laurent Brun. “Si le gouvernement reste ferme, il est possible que les grévistes fassent de même et que le conflit perdure”, a-t-il ajouté, laissant planer la menace d’un prolongement du mouvement au-delà de son terme, le 28 juin.

Au parlement de se prononcer

Les syndicats entendent tirer profit de leur initiative à deux jours de leur prochain rendez-vous avec le Premier ministre, Edouard Philippe, qui doit faire des annonces, en particulier sur l’équilibre financier de la SNCF.

Mais pour l’exécutif, c’est aux parlementaires qu’il appartient de se prononcer sur le devenir du système ferroviaire, un sujet d’intérêt national.

“Je pense qu’on ne peut pas s’asseoir sur le fait que 80% des députés ont voté le projet de loi à l’Assemblée le mois dernier et donc le débat va se poursuivre au Sénat”, a balayé la ministre des Transports, Elisabeth Borne, invitée d’Europe 1.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a mis en balance le référendum interne et les sondages qui montrent “un soutien croissant de la population à cette réforme ferroviaire”.

Conditions de la consultation critiquées

Dans un communiqué, la direction de la SNCF a souligné les conditions d’organisation du vote des cheminots, qui s’est tenu “en dehors de tout cadre légal”.

Sur le fond, les dirigeants syndicaux ont une nouvelle fois rejeté mercredi la méthode gouvernementale et les principes généraux de la réforme – ouverture à la concurrence, fin de l’embauche au statut, transformation juridique de la SNCF.

Et selon Laurent Brun, la reprise d’une partie de la dette reposant sur la SNCF – la presse avance le chiffre de 35 milliards d’euros sur un total de 47 milliards – ne saurait suffire à apaiser la colère des salariés. “Cette dette publique devrait être intégralement reprise”, a-t-il jugé.

Taux de grévistes à 14,22%

Mercredi, le taux de grévistes s’est élevé à 14,22%, selon les chiffres de la direction, au début du onzième épisode de mobilisation, avec une participation sous les 50% pour les conducteurs et les contrôleurs.

Un Transilien sur deux était en circulation, de même qu’un TER sur deux, trois TGV sur cinq, deux Intercités sur cinq et deux tiers des trains internationaux.

Parallèlement, la réforme suit son cours au Sénat. Elle a été adoptée mercredi en commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, prélude à son examen en séance publique à partir du 29 mai.

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