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Les conditions de vie des migrants se dégradent en Libye

Un membre de l'organisation maritime maritime européenne SOS Méditerranée observe l'horizon avec des jumelles lors d'une patrouille à environ 50km de la côte libyenne afin de venir en aide aux migrants ayant entrepris la traversée (archives). KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON sda-ats

(Keystone-ATS) Les conditions de vie des migrants en Libye se sont encore dégradées. La mise en place d’un accord entre les Etats de l’Union européenne et le gouvernement d’union nationale à Tripoli pour réduire l’immigration transméditerranéenne n’a pas amélioré les choses.

Pour les représentants locaux à Tripoli, la situation est toujours “insupportable”. Depuis que la route maritime est fermée, “les actes de torture se sont accentués”, estime même Osman, un représentant de la communauté soudanaise, qui souhaite être appelé par son prénom.

La Libye est le principal point de passage des migrants africains qui tentent de gagner l’Europe en franchissant la Méditerranée. Ces quatre dernières années, plus de 600’000 d’entre eux ont gagné l’Italie depuis le pays d’Afrique du Nord.

Déterminés à réduire l’immigration transméditerranéenne, les Etats de l’Union européenne se sont engagés en 2017 à fournir une aide financière aux autorités libyennes, à former leur garde-côte et à verser des millions d’euros via les agences humanitaires de l’ONU pour améliorer les conditions de vie dans les camps de détention.

Chantage et torture

Les passeurs, qui ont perdu les centres de détention où ils gardaient les migrants sur les côtes libyennes, opèrent désormais à l’intérieur des terres, notamment au sud-est de Tripoli, raconte Khadija, une résidente érythréenne qui est volontaire pour aider les migrants africains.

“Ils sont en bande et (les migrants) sont transférés d’un gang à un autre. “Vous recevez les migrants et vous prenez votre part, et ainsi de suite”, explique-t-elle, ajoutant que les passeurs réclament désormais plus d’argent qu’auparavant.

Les réseaux sont dirigés par des Libyens et des trafiquants venus de l’est de l’Afrique, précise-t-elle. Des photos et des vidéos de torture sont envoyées aux familles pour les inciter à transférer de l’argent depuis leur pays d’origine.

Aux enchères

En novembre dernier, une vidéo de la chaîne américaine CNN montrait des migrants d’Afrique subsaharienne vendus aux enchères près de la capitale libyenne. Un rapport d’Amnesty International publié en décembre dénonçait déjà les graves violations dont sont victimes des migrants en Libye, un pays toujours privé de structures étatiques fortes six ans après la chute et la mort de Mouammar Kadhafi.

D’après l’ONG, les garde-côtes libyens travailleraient main dans la main avec les réseaux de trafiquants, allant se livrer jusqu’à des actes de torture sur des migrants pour leur extorquer de l’argent.

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