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Les députés roumains renversent le gouvernement Grindeanu

La majorité de gauche au pouvoir en Roumanie a adopté une motion de censure contre son Premier ministre Sorin Grindeanu. KEYSTONE/EPA/ROBERT GHEMENT sda-ats

(Keystone-ATS) La gauche au pouvoir en Roumanie a débarqué mercredi son Premier ministre Sorin Grindeanu, sur fond de luttes de pouvoir au sein des sociaux démocrates (PSD). M. Grindeanu était devenu indésirable moins de six mois après sa nomination.

Cette crise politique est analysée par de nombreux observateurs comme un coup de force du chef du PSD Liviu Dragnea pour remplacer le chef du gouvernement par un cadre du parti plus soumis.

Officiellement, M. Dragnea a affirmé mercredi vouloir “stopper un gouvernement qui n’a pas respecté le programme et les promesses de la campagne”.

La motion de censure initiée par son camp a été adoptée par 241 voix sur 464 parlementaires. Dix élus ont voté contre tandis que l’opposition de centre droit s’est abstenue.

“Laisser les choses continuer de la même manière nous aurait fait aller tout droit à l’échec”, a ajouté le chef des sociaux-démocrates qui avait lancé son offensive la semaine dernière en privant M. Grindeanu du soutien du parti puis en l’excluant.

Le Premier ministre a quant à lui jugé “incompréhensible” cette motion de censure contre un exécutif qui a “bien travaillé”.

“Retour en arrière”

“Le risque existe d’un retour en arrière, à l’époque d’avant 1989”, année ayant vu la chute du régime communiste de Nicolae Ceausescu, a-t-il mis en garde en référence au style autoritaire de M. Dragnea.

Le président de centre-droit Klaus Iohannis a aussitôt convoqué les partis politiques pour des consultations lundi prochain en vue de la désignation d’un nouveau Premier ministre.

Des sources au sein du PSD ont indiqué que ce parti entendait soumettre deux ou trois options à M. Iohannis.

Tout avait pourtant bien commencé entre l’homme fort des sociaux-démocrates, qui avait mené son parti vers une écrasante victoire aux législatives fin 2016, et Sorin Grindeanu, un quasi-inconnu de 43 ans dans lequel M. Dragnea avait placé sa confiance.

Lui-même avait dû renoncer à briguer le poste de Premier ministre en raison d’une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale. Il est également jugé pour “abus de pouvoir” dans une affaire d’emplois fictifs.

“Indépendance de la justice”

Une tentative de modifier le code pénal avait provoqué cet hiver une vague de manifestations populaires d’une ampleur sans précédent en Roumanie depuis la chute du régime communiste, contraignant le PSD à revoir sa copie.

Dans son discours devant le parlement mercredi, M. Dragnea a affirmé que l’un de ses objectifs était de “rétablir l’indépendance de la justice”, critiquant la convocation au parquet anticorruption (DNA), ces derniers jours, de trois responsables de son parti.

La DNA qui bataille depuis plusieurs années contre les malversations politiques dans le pays, avec un certain succès, est la bête noire de Liviu Dragnea.

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