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Les Farc en conférence pour décider de la paix

Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jimenez ou Timochenko, a qualifié d'"historique" l'accord de paix conclu le 24 août avec le gouvernement du président Juan Manuel Santos. KEYSTONE/EPA EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA sda-ats

(Keystone-ATS) Le chef des Farc, Timochenko, a ouvert samedi la Xe conférence de la guérilla chargée de ratifier la paix. Il a souligné qu’elle allait décider du “destin de la Colombie” et qu’après 52 ans de guerre “il n’y a ni vainqueurs, ni vaincus”.

“Entre vos mains se trouve le destin de la Colombie”, a lancé le commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), devant quelque 500 guérilleros rassemblés à El Diamante, au coeur du bastion historique de la guérilla à cinq heures de piste de San Vicente del Caguan (sud-est).

Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jimenez ou Timochenko, a qualifié d'”historique” l’accord de paix conclu le 24 août avec le gouvernement du président Juan Manuel Santos et sur lequel la conférence doit voter.

Selon lui, il est “clair que dans cette guerre, il n’y a ni vainqueurs, ni vaincus, au point que nos adversaires se voient obligés de reconnaître notre plein droit à l’exercice politique avec les garanties les plus larges”.

Paix gagnée

Réunis jusqu’au 23 septembre, quelque 200 délégués de la rébellion, dont l’état-major au complet, et des représentants de la base, doivent aussi se prononcer sur la transformation des Farc en parti politique.

“Si nos adversaires veulent prétendre qu’ils ont gagné la guerre, c’est leur problème. Pour les Farc et notre peuple, la plus grande satisfaction sera toujours d’avoir gagné la paix”, a ajouté Timochenko.

La conférence s’est ouverte par l’hymne national colombien, puis par celui des Farc repris par les guérilleros au garde-à-vous devant la scène où Timochenko a prononcé son discours, entouré des huit autres membres du secrétariat, plus haute instance de la rébellion, née en 1964 d’une insurrection paysanne.

Hommages

Le complexe conflit colombien a impliqué, au fil des décennies, d’autres guérillas d’extrême-gauche, des paramilitaires d’extrême-droite et l’armée, faisant au moins 260’000 morts, 45’000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Le leader des Farc a par ailleurs rendu hommage à Cuba et à la Norvège, garants des accords, ainsi qu’au Chili et au Venezuela, pays accompagnants, en saluant particulièrement le défunt président vénézuélien Hugo Chavez, parrain des pourparlers menés pendant presque quatre ans à La Havane.

Pour la première fois, la plus ancienne guérilla des Amériques va débattre de paix et non de stratégies de guerre. “C’est l’événement le plus important de notre histoire”, a déclaré à l’AFP Carlos Antonio Losada, membre du secrétariat.

Aval du gouvernement

Autre fait exceptionnel de cette conférence: les chefs des Farc, qui comptent encore quelque 7500 guérilleros, ne se réunissent pas dans la clandestinité, mais avec l’aval du gouvernement et en présence de la presse.

Les autorités ont même permis à 24 rebelles de sortir temporairement de prison afin de participer à l’événement, couvert par des centaines de journalistes de quelque 400 médias du monde entier accrédités pour l’occasion.

Signature fin septembre

Si la conférence lui donne le feu vert, Timochenko signera les accords avec M. Santos le 26 septembre à Carthagène des Indes, sur la côte caraïbe. Ce même jour, les guérilleros qui n’auront pas encore quitté El Diamante prévoient une grande fête.

Les rebelles ne rendront cependant leurs armes qu’une fois les accords approuvés aussi par un référendum le 2 octobre. Le dernier sondage, publié vendredi, donne 55,3% en faveur du “oui”, 9,5 points de moins que la précédente enquête il y a une semaine.

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