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Les hêtres ploient sous les graines sur le Plateau

Les paissons pleines chez les hêtres ne se répètent pas d'année en année, mais surviennent avec une périodicité variable (photo symbolique). Keystone/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Les hêtres sur tout le Plateau ploient sous les graines. Cette année 2016 est ce qu’on appelle une paisson pleine. Ce phénomène est surprenant, mais il est difficile d’expliquer sa fréquence et son origine.

“Il s’agit de l’une des plus grandes faînées des 30 dernières années”, selon Toni Burkart, spécialiste des graines d’arbres à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Les paissons pleines surviennent avec une périodicité variable selon les essences, mais qui peut être mise en défaut, précise WSL mardi dans un communiqué.

Pour Toni Burkart, “il s’agit d’un biorythme génétique des plantes, toutefois également influencé par le climat”. Les études du WSL montrent que les grandes faînées se répètent sur le Plateau suisse tous les trois à six ans.

Paisson pleine simultanée

Chez le chêne rouvre et le chêne pédonculé, ce phénomène survient tous les deux à trois ans. Pour le sapin, c’est tous les cinq ans. Suivant la situation géographique, ces phénomènes peuvent être plus ou moins fréquents.

Certaines années, cette paisson pleine se produit simultanément pour plusieurs espèces. A titre d’exemple, le WSL cite les épicéas, les sapins pectinés, les hêtres et les chênes qui ont tous présenté une paisson moyenne à pleine en 1992 et en 2011.

Les paissons pleines restent entourées de mystère. Les arbres d’une même espèce produisent souvent simultanément de grandes quantités de fruits à des distances importantes. Pour certaines essences, il est possible de délimiter des grandes régions de paissons pleines. Le 20e siècle a ainsi connu au moins dix fois une grande faînée du nord de la Suisse au nord de l’Allemagne.

Deux facteurs déterminants

Les scientifiques supposent que deux facteurs déterminent ce phénomène: le bilan énergétique de l’arbre et les influences environnementales.

Lorsque les fleurs sont rares, il n’y a pas assez de pollen dans l’air pour produire de nombreux fruits. Les arbres économisent ainsi de l’énergie qu’ils pourront réinvestir la saison suivante dans la production de fleurs et de graines. Après l’effort, le réconfort: les arbres sont épuisés et font une pause, explique le WSL.

On dispose encore de peu de documents sur la relation entre paissons pleines et les changements climatiques. Toni Burkart n’a constaté une augmentation de la production de graines au cours des dernières années que chez le sapin pectiné. Cependant, d’autres chercheurs prévoient que les grandes faînées seront plus fréquentes avec les changements climatiques.

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