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Les importations de viande assaisonnée devraient coûter plus cher

(Keystone-ATS) La Suisse devrait serrer la vis aux importations de viande assaisonnée. Le Conseil national a approuvé jeudi par 125 voix contre 43 un projet de sa commission compétente, qui veut relever les tarifs douaniers frappant ces préparations.

Résultant d’une initiative parlementaire de l’UDC, le texte veut abolir le droit de douane réduit accordé aux produits assaisonnés. Il projette de les soumettre aux mêmes règles que la viande non apprêtée.

L’explosion des importations ces dix dernières années représente un problème pour les producteurs suisses. “Ces commandes se sont multipliées par presque 20”, a souligné Hansjörg Walter (UDC/TG) au nom de la commission. L’emploi et les investissements dans le secteur sont menacés.

Les promoteurs du texte craignent en outre que la viande importée n’ait pas été produite selon des normes aussi exigeantes qu’en Suisse en matière de protection des animaux. “Quand on sait comment les veaux sont traités à l’étranger, il vaudrait mieux y renoncer”, a abondé Christophe Darbellay (PDC/VS).

Les efforts consentis à ce niveau, qui par ailleurs pèsent sur le portemonnaie des producteurs helvétiques, se retrouvent torpillés. Les Verts ont donc assuré leur soutien au texte, a relevé le Lucernois Louis Schelbert.

Pertes fiscales

En plus, la Confédération perd quelque 20 millions de francs en recettes douanières chaque année. “Notre solution permettrait d’y remédier, et en plus il ne devrait pas y avoir d’opposition venue des pays étrangers”, a défendu le Valaisan.

Un argument qui n’a pas convaincu la minorité conduite par Beat Jans (PS/BS). “Ce projet n’apporte strictement rien et va nous amener des problèmes avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Union européenne.” Ces organisations pourraient dresser des obstacles frappant d’autres biens, a ajouté Jean-René Germanier (PLR/VS), soutenu par la ministre des finances Eveline Widmer-Schlumpf.

Plus cher le consommateur

La protection de l’intégrité des veaux ne peut pas non plus être invoquée, a insisté Beat Jans en ricanant. “Les produits assaisonnés ne constituent que 6% des achats hors des frontières, la mesure proposée est donc disproportionnée”, a renchéri Jean-René Germanier.

“Bien que les quantités restent moindres, il ne s’agit pas ici d’une anecdote”, a fait valoir Christophe Darbellay. Les baisses de prix influent négativement sur de petits paysans, a ajouté Hansjörg Walter.

Même la promesse de rentrées fiscales supplémentaires pour la Confédération n’a pas trouvé grâce aux yeux du socialiste Beat Jans. “C’est finalement le consommateur qui passera à la caisse.”

L’UDC, le PDC et les Verts ont soutenu en bloc l’objet. Dans l’autre camp, seul le PS a voté de façon homogène. Le dossier passe au Conseil des Etats.

Le fou-rire de Merz

La bisbille autour de la viande assaisonnée occupe les autorités depuis de longues années. Le sujet avait même provoqué le fou rire devenu célèbre de l’ancien conseiller fédéral Hans-Rudolf Merz.

Plus sérieusement, l’Administration fédérale des douanes avait empoigné le problème en 2010, précisant que les droits réduits ne concernent plus les produits pour lesquels les substances aromatisantes ne pénètrent pas ou peu dans la viande. Par exemple: les préparations simplement poivrées, ou additionnées de baies de genièvre entières, clous de girofle, feuilles de laurier ou branches de romarin.

En revanche, la viande dont l’assaisonnement est réalisé en profondeur ou sur la totalité de sa surface, qui est perceptible à l’oeil nu ou nettement au goût, bénéficie toujours d’un droit de douane réduit.

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