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Les infirmiers prévoient une initiative pour gagner en autonomie

(Keystone-ATS) Les infirmiers prévoient de lancer une initiative populaire si le projet parlementaire visant à leur accorder plus d’autonomie n’aboutit pas. Il a été rejeté en mars par le Conseil fédéral, qui craint une augmentation des coûts de la santé et un effet de précédent.

Le texte initial demandait notamment que les établissements médico-sociaux, les organismes d’aide et de soins à domicile et les infirmiers indépendants puissent fournir certains soins à la charge de l’assurance maladie sans ordonnance. Mais la commission de la sécurité sociale et de la santé publique du National a modifié le projet, qui ne satisfait plus l’Association des infirmières et infirmiers (ASI). Celle-ci tenait mardi une conférence de presse à Berne.

Les mesures d’accompagnement prévues (contrat d’admission avec l’assureur obligatoire pour le personnel soignant, validité de la loi limitée à six ans) sont autant d’obstacles administratifs et n’esquissent aucune solution à la pénurie de personnel. Elles maintiennent en outre la profession infirmière dans son statut d’auxiliaire et empêchent des économies, s’insurge l’ASI.

Lutter contre la pénurie

Auteur de l’initiative parlementaire en 2011, l’ancien conseiller national Rudolf Joder (UDC/BE) juge ces modifications totalement invraisemblables. “Tout cela est décevant, contradictoire et ne saurait être accepté sur le plan politique”, a-t-il déclaré devant les médias.

Alors que son texte visait à valoriser la profession et à accroître son attractivité, avant tout pour lutter contre la pénurie de personnel, la commission “continue de déprécier les infirmières et leur rôle primordial aux yeux des patients qu’elles soignent jour après jour”, selon M. Joder.

Initiative populaire en vue

D’après l’Association des infirmières et infirmiers, la proposition initiale est une réglementation réaliste, tournée vers l’avenir, qui contribuerait à maîtriser les défis actuels. L’ASI s’oppose à la nouvelle mouture du projet. Elle souligne que les besoins en soins vont continuer à croître, alors que la pénurie de personnel “est déjà une réalité”.

Les infirmiers s’inquiètent même d’une péjoration de leur situation. “Nous avons perdu confiance dans la politique”, relève la présidente de l’ASI Helena Zaugg. “Nous n’acceptons pas de devenir le jouet de la politique de santé”.

L’Association des infirmières et infirmiers, qui compte plus de 25’000 membres, envisage de lancer une initiative populaire, suivant l’issue du débat au Conseil national, le 27 avril prochain.

Hausse des coûts de l’assurance

Fin mars, le Conseil fédéral a rejeté le projet de loi. S’il comprend le souhait de revaloriser le statut du personnel soignant et d’améliorer la coordination, il craint toutefois que le texte n’incite les infirmiers à fournir davantage de prestations, faisant gonfler les coûts de l’assurance maladie et, en conséquence, la facture des assurés.

Le gouvernement redoute en outre un effet de précédent. D’autres professionnels fournissant des prestations uniquement sur ordonnance, ergothérapeutes ou physiothérapeutes par exemple, pourraient exiger les mêmes conditions. A l’heure actuelle, les médecins et les hôpitaux sont les seuls à pouvoir pratiquer directement à la charge de l’assurance obligatoire.

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