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Les Italiens de Suisse sensibilisent leurs jeunes contre la mafia

Le "Progetto legalità" propose de réfléchir sur le thème de la citoyenneté avec des ateliers dans les cours extrascolaires de langue et culture et dans les écoles italiennes sur sol Suisse (archives). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) Le “Progetto legalità”, qui débute ce samedi et se déroulera jusqu’en juin, veut sensibiliser les jeunes générations d’Italiens de Suisse à la citoyenneté. Il se penche notamment sur le thème du risque d’infiltration d’organisations criminelles telles que la mafia.

Le but est de faire acquérir aux jeunes générations vivant en Suisse “des comportements personnels, sociaux et civiques corrects pour la réalisation d’une société meilleure”.

Il s’agit aussi de “faire comprendre l’illégalité de la mafia”, écrivent les comités des Italiens de Bâle, Berne-Neuchâtel et Zurich, porteurs du projet en collaboration notamment avec l’ambassade d’Italie en Suisse et le Conseil général des Italiens de l’étranger.

Sortir des stéréotypes

Un accent particulier est mis sur la sensibilisation au risque d’infiltration de la criminalité organisée. Cette dernière a connu un essor considérable en Suisse ces dernières années, selon les initiateurs.

“Nous ressentons le besoin de parler de la mafia aux nouvelles générations pour sortir des représentations stéréotypées, mais également pour ne pas la sous-évaluer”, a expliqué à l’ats Maria Chiara Vannetti, présidente du Comité des Italiens des cantons de Berne et Neuchâtel, à l’origine du projet.

La mafia donne lieu à des stéréotypes et des plaisanteries largement ancrés dans la société. Cela entraîne une banalisation du phénomène, selon Mme Vannetti. De plus, la mafia a évolué: elle n’est plus celle d’il y a 40 ans, affirme la présidente. Elle s’est transformée en criminalité économique et elle est passée de la drogue à l’immobilier.

Par contre, elle continue d’agir là où l’Etat ne peut pas voir. “Les citoyens doivent en être conscients”, ajoute-t-elle. “Il est d’autant plus important de sensibiliser les Italiens de Suisse, car on parle à des jeunes qui ne connaissent pas toujours bien leur pays d’origine, conclut-elle.

Ateliers dans les écoles

Le projet propose un cycle de conférences publiques qui débute samedi. Dans ce cadre, une rencontre est prévue avec la présidente de la commission parlementaire italienne antimafia, Rosy Bindi.

Par ailleurs, des ateliers seront organisés durant les cours de langue et culture ainsi que dans les écoles italiennes sur sol Suisse. Environ 10’000 élèves sont concernés.

‘Ndrangheta la plus présente

Parmi les organisations de la mafia italienne, la ‘Ndrangheta calabraise est la plus présente en Suisse, selon les derniers rapports de l’Office fédéral de la police (fedpol) sur la sécurité intérieure.

Des personnes qui ont “en partie des liens très étroits avec des représentants de haut rang de la ‘Ndrangheta en Calabre” habitent en Suisse. Une cellule de l’organisation a par exemple été détectée à Frauenfeld (TG) et neuf membres ont été arrêtés en 2016.

Suite à la pression croissante des autorités italiennes, les mafias déplacent de plus en plus leurs activités criminelles telles que le blanchiment d’argent vers la Suisse, avait averti fedpol. Entre autres, elles cherchent de manière ciblée à s’associer à des spécialistes des secteurs financiers et bancaires pour leurs activités économiques illégales.

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