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Les Kurdes irakiens lancent une offensive pour reprendre Sinjar

(Keystone-ATS) Les forces kurdes irakiennes, soutenues par les frappes de la coalition internationale, ont avancé jeudi face au groupe Etat islamique (EI). Elles ont bloqué un axe stratégique vers la Syrie près de la ville de Sinjar qu’elles veulent reprendre aux djihadistes.

Couper cette route qui permet à l’EI de faire circuler matériel et hommes entre l’Irak et la Syrie constituerait un coup majeur porté à l’EI. La reprise de Sinjar, où les djihadistes se sont livrés en août 2014 à de multiples exactions contre sa population yazidie, des Kurdophones, représenterait également une importante victoire sur le plan symbolique.

“L’attaque a commencé à 08h00 et les combattants peshmergas ont avancé sur plusieurs axes pour libérer le centre du district de Sinjar”, a déclaré le général kurde Ezzedine Saadoun à l’AFP. Ils “ont réussi à prendre position le long de la route 47 et commencé à avancer à Sinjar”, a précisé la coalition menée par les Etats-Unis.

Des colonnes de fumée se sont élevées au dessus de la ville et de ses environs après les bombardements des forces kurdes et des frappes aériennes de la coalition, selon un journaliste de l’AFP. La coalition a annoncé avoir mené mercredi 24 frappes dans le secteur de Sinjar et huit de l’autre côté de la frontière, dans la région d’al-Hol, où les Forces démocratiques syriennes, une alliance soutenue par Washington, combattent l’EI.

Des milliers de combattants

Jusqu’à 7’500 combattants kurdes doivent prendre part à l’opération destinée à reprendre Sinjar et à “établir une zone tampon pour protéger (la ville) et ses habitants”, a indiqué le conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan. “Les avions de la coalition fourniront un soutien aérien étroit aux forces peshmergas dans cette opération”.

Un officier des renseignements militaires américains, le capitaine Chance McCraw, a estimé à Bagdad que les peshmergas allaient être opposés à 300 à 400 djihadistes et devraient faire face aux nombreux engins piégés placés dans la ville.

Sinjar, située à une cinquantaine de km de la frontière syrienne et non loin du Kurdistan irakien, se trouve sur une route stratégique reliant Mossoul (nord), le fief de l’EI en Irak, et les territoires contrôlés par ce groupe en Syrie. L’EI s’est emparé depuis 2014 de larges pans de territoires au nord et à l’ouest de Bagdad, mettant en déroute les forces irakiennes qui, fortes de l’appui de la coalition, tentent aujourd’hui de reprendre le dessus.

“Génocide”

Lors de son offensive en août 2014 sur Sinjar, l’EI avait exécuté de nombreux hommes yazidis, une communauté qu’il considère comme hérétique, et enlevé des centaines de femmes, vendues comme épouses aux djihadistes ou réduites à l’état d’esclave sexuelle, selon Amnesty International. L’assaut avait été décrit par l’ONU comme “une tentative de génocide”.

Jeudi, le musée de l’Holocauste de Washington a aussi affirmé, dans un rapport basé des témoignages recueillis dans le nord de l’Irak, que cette communauté avait été victime d’un “génocide”.

“Ce génocide se poursuit”, a commenté lors d’une conférence de presse Cameron Hudson, le directeur du centre Simon-Skjodt pour la prévention des génocides, qui a diligenté une mission de 15 jours dans la province de Ninive (nord) en septembre. Les Yazidis, une minorité religieuse qui vit principalement dans cette région de l’Irak, ne sont ni arabes ni musulmans et sont haïs par l’EI.

Le musée de l’Holocauste à Washington, inauguré en 1993, a également documenté dans son rapport des cas de “nettoyage ethnique, crimes de guerre et crimes contre l’humanité” contre d’autres minorités de la province de Ninive: les chrétiens, les Turkmènes, les Shabaks, les Kaka’e et les Sabéens.

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