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Les Libériens votent en masse pour élire leur nouveau président

De longues files d'électrices et électeurs se sont constituées mardi devant les bureaux de vote. La campagne a été animée, mais exempte d'incidents graves. KEYSTONE/EPA/AHMED JALLANZO sda-ats

(Keystone-ATS) Les Libériens se sont rendus en nombre aux urnes mardi pour élire leur futur président. Ils devaient choisir qui succédera à la présidente Ellen Johnson Sirleaf, créditée d’avoir mis le pays sur la voie du redressement économique après des années de guerre civile.

Parmi les vingt candidats en lice, le vice-président Joseph Nyuma Boakai, du Parti de l’Unité, et l’ancienne star du football George Weah, sénateur et membre du Congrès pour le changement démocratique (opposition), font figure de favoris. Aucun candidat ne paraît cependant en mesure de l’emporter dès le premier tour.

Le politologue libérien Ibrahim Al-Bakri Nyei, de la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres, a souligné l’importance de la troisième place. Cette position de “faiseur de rois” devrait revenir à Alexander Cummings, ancien dirigeant de Coca-Cola pour l’Afrique.

Les bureaux devaient fermer à 18h00 (20h00 suisses) et les premiers résultats sont attendus dans les 48 heures. Un second tour devrait être organisé dans un délai d’un mois environ.

Un pays “prêt pour la transition”

A Monrovia, des milliers d’électeurs se sont pressés dans les bureaux de vote pour ce premier transfert de pouvoir démocratique depuis 73 ans. “Je viens voter pour la paix. Nous voulons un pays pacifié, et tout ira bien”, déclare James Marthics, venu accomplir son devoir à Paynesville, dans la banlieue de la capitale.

Après avoir déposé son bulletin dans l’urne, Ellen Johnson Sirleaf, s’est réjoui de “voir tant de monde dans les files d’attente”, preuve selon elle que le pays est “prêt pour la transition”.

La présidente sortante, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats, a appelé ses concitoyens à ne pas voter “pour des raisons tribales ou religieuses, mais pour celui qui selon vous aura les capacités de bâtir sur mon héritage et rendre le Liberia encore meilleur”.

Lundi, elle avait appelé les Libériens à mesurer “le chemin parcouru (…) entre une société détruite par le conflit et la guerre, et l’une des démocraties les plus vivaces d’Afrique de l’Ouest”, en référence aux deux guerres civiles qui ont fait 250’000 morts entre 1989 et 2003. Elle a exhorté tous les Libériens à maintenir la paix “quelles que soient leurs opinions politiques”.

Elections parlementaires

Après avoir voté, George Weah s’est engagé en cas de victoire à commencer par “réconcilier les Libériens”, avant de “former un gouvernement d’inclusion, auquel tous puissent participer”. M. Boakai, lui, s’est dit “satisfait qu’autant de Libériens soient venus élire leur dirigeant” et s’est engagé à respecter le verdict des urnes.

Outre leur nouveau président, les Libériens votaient mardi pour renouveler les 73 sièges de la Chambre des représentants lors de législatives à un seul tour.

La fin d’une ère

Elue en 2005, réélue en 2011, Ellen Johnson Sirleaf, lauréate du Nobel de la paix âgée aujourd’hui de 78 ans, a de nombreuses réussites à son actif. Elle a notamment maintenu la paix dans un pays marqué par les atrocités des deux guerres civiles.

Sous son double mandat, le produit intérieur brut (PIB) a quadruplé et s’élevait l’an dernier à 2,1 milliards de dollars. Mais elle n’est pas parvenue à améliorer les conditions de vie, souvent très difficiles, de la grande majorité des Libériens.

Le pays demeure l’un des plus démunis au monde. Il a traversé une nouvelle crise profonde il y a trois ans lorsqu’une épidémie de fièvre hémorragique due au virus Ebola a submergé ses services de santé.

Pour redresser économiquement le pays, chacun des candidats a insisté sur une recette simple: le développement des routes pour M. Boakai, de l’agriculture pour l’homme d’affaires Benoni Urey, de l’éducation et de la formation professionnelle pour MM. Weah ou Cummings.

Un diplomate souligne cependant qu’il sera difficile d’accélérer le développement du pays, alors même que l’aide envoyée pour lutter contre Ebola est en train de se tarir.

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