Des perspectives suisses en 10 langues

Les mafieux ne vivent pas en chrétiens, martèle le pape à Palerme

Le pape François a prononcé une homélie en plein air dans le quartier du port de Palerme en Sicile où l'attendait une foule dense. KEYSTONE/AP/ALESSANDRA TARANTINO sda-ats

(Keystone-ATS) Les mafieux ne vivent pas en chrétiens, a martelé samedi le pape François à l’occasion d’une visite à Palerme. Il y a honoré la mémoire d’un prêtre social assassiné par la mafia sicilienne il y a 25 ans.

“On ne peut pas croire en Dieu et être mafieux. Qui est mafieux ne vit pas en chrétien, car il blasphème avec sa vie le nom de Dieu-amour”, a-t-il lancé en prononçant une homélie en plein air dans le quartier du port de Palerme où l’attendait une foule dense.

“Aujourd’hui nous avons besoin d’hommes et de femmes d’amour, non d’hommes et de femmes d’honneur, de service et non d’abus, de marcher ensemble et non poursuivre le pouvoir”, a-t-il plaidé. “C’est pour cela que je dis aux mafieux: changez! Arrêtez de penser à vous-même et à votre argent, convertissez-vous”, a explicité le pape.

Le pape a également profité de son homélie pour dénoncer le populisme. Il aussi intimé les fidèles à agir, sans fuir leurs propres responsabilités. “Aujourd’hui choisissons nous aussi une vie belle!”, a-t-il dit.

“Ecoute la vie des personnes qui en ont besoin, écoute ton peuple. Ceci est l’unique populisme possible, l’unique ‘populisme chrétien’: écouter et servir le peuple sans crier, accuser et susciter des polémiques”, a-t-il commenté, dans une allusion à la montée des partis populistes en Europe, et particulièrement en Italie où ils sont arrivés au pouvoir.

“Premier martyr de Cosa Nostra”

La messe en plein air était entièrement consacrée samedi au prêtre des pauvres Giuseppe Puglisi. Surnommé le “premier martyr de Cosa Nostra”, il avait été tué sur ordre de cette mafia sicilienne d’une balle dans la nuque le 15 septembre 1993, jour de ses 56 ans.

Il était alors chargé depuis deux ans de la paroisse du quartier Brancaccio, dans la banlieue de Palerme, où il tentait par son engagement social d’arracher les jeunes à l’emprise de la drogue. Au grand dam des parrains du quartier. “Je vous attendais”, aurait-il dit, avec un sourire, avant de mourir sur le seuil de sa modeste maison.

En 2012, Benoît XVI l’a reconnu “martyr” -tué par “haine de la foi”- et en mai 2013, “Don Pino” a été béatifié à Palerme en présence de 40 évêques et 750 prêtres, mais aussi des ministres italiens de l’Intérieur et de la Justice.

Don Pino “ne vivait pas pour se montrer, ne vivait pas d’appels antimafia, au contraire il se contentait de ne rien faire de mal, mais de semer le bien, tant de bien”, a admiré le pape dans son homélie. Depuis son élection, François s’est attaqué frontalement aux mafieux, souvent pratiquants et bienfaiteurs des paroisses, en invitant les catholiques à cesser toute collaboration avec eux.

Pour lui, “Don Pino savait ce qu’il risquait, mais il savait surtout que le vrai danger dans la vie est de ne pas prendre de risques et vivoter”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision