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Les mineurs de la “caravane” menacés par la criminalité à Tijuana

Des militants des associations des droits de l'homme craignent que les migrants d'Amérique centrale restent coincés à Tijuana pendant plusieurs mois. KEYSTONE/AP/RODRIGO ABD sda-ats

(Keystone-ATS) Les mineurs non accompagnés et les autres migrants vulnérables risquent d’être victimes de la criminalité dans la ville mexicaine de Tijuana. Des milliers de migrants venus d’Amérique centrale pourraient s’y retrouver coincés pendant plusieurs mois.

Quelque 4600 migrants, dont la plupart sont originaires du Honduras, sont arrivés récemment à Tijuana selon les autorités locales. Ils ont parcouru plusieurs milliers de kilomètres à travers le Mexique.

Selon les associations venant en aide aux migrants, la “caravane” de migrants à Tijuana compte environ 80 mineurs âgés de 10 à 17 ans. Josue, un Hondurien âgé de 15 ans, affirme qu’il a été enlevé et battu violemment par des narcotrafiquants à Mexico lorsqu’il a voulu franchir la frontière pour entrer aux Etats-Unis l’an dernier.

“J’ai terminé à l’hôpital, sans savoir comment, car je suis arrivé presque mort”, dit-il, ajoutant que les autorités américaines l’avaient débouté après avoir été soigné. Les autorités mexicaines n’ont pas répondu aux questions de Reuters concernant le cas de ce migrant.

Justin, un autre mineur âgé de 16 ans, raconte comment sa vie a été menacée le mois dernier lorsqu’il n’a pas payé “l’impôt de guerre” que des gangsters lui avaient demandé contre la protection de son entreprise dans la ville de San Pedro Sula, au Honduras. “Ce jour-là, j’ai demandé l’autorisation à ma mère et je suis parti”, précise-t-il, en pleurs.

Ville dangereuse

La ville de Tijuana ne compte qu’un seul centre d’accueil pour les migrants mineurs, qui subsiste grâce à l’aide des organisations civiques. “Dans ce genre de déplacement de populations, les jeunes sont vraiment les plus vulnérables (…) Nous n’en avons jamais reçu autant en si peu de temps”, explique Mynor Contreras, qui dirige un centre local venant en aide aux jeunes.

D’après le think tank Seguridad Justicia y Paz, Tijuana était en 2017 la cinquième ville la plus dangereuse au monde, avec un taux d’homicides supérieur à celui de villes d’Amérique centrale que les migrants fuient.

Le maire de la ville, Juan Manuel Gastelum, a déclaré jeudi soir que la ville était confrontée à une crise humanitaire et que l’aide aux migrants coûtait plus de 500’000 pesos (près de 25’000 francs) par jour.

Fermeture possible

Des militants des associations des droits de l’homme craignent que les migrants d’Amérique centrale restent coincés à Tijuana pendant un long moment. Des centaines d’habitants se sont rassemblés dimanche dernier dans un quartier huppé de la ville pour protester contre l’arrivée de ces migrants fuyant la violence et la misère. Ils brandissaient des pancartes “Mexique d’abord”.

A l’approche des élections de mi-mandat, le 6 novembre dernier, Donald Trump a sans cesse dénoncé la caravane formée par ces migrants d’Amérique centrale, parlant d’une “invasion” menaçant la sécurité des Etats-Unis.

Le président américain a averti jeudi que les Etats-Unis pourraient fermer si nécessaire leur frontière avec le Mexique face à l’afflux de migrants venus d’Amérique centrale, trois jours après avoir renforcé les mesures de sécurité à la frontière avec l’appui de l’armée.

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