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Les oiseaux ne changent guère de plan de vol

Une nuée d'oiseaux sur les vignes du lac Léman. Le changement climatique est également susceptible d'affecter le comportement des oiseaux migrateurs (archives). KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD sda-ats

(Keystone-ATS) Les oiseaux migrateurs ne se laissent guère dissuader de changer de plan de vol lors d’un temps chaud et sec prolongé. Il semble toutefois que le changement climatique les affecte à long terme.

A vrai dire, les oiseaux sont bien préparés à la chaleur et à la sécheresse, explique à Keystone-ATS le biologiste Livio Rey, porte-parole de la Station ornithologique de Sempach (LU). Avec une température corporelle d’environ 42 degrés et des besoins en eau extrêmement faibles, ils sont bien armés pour les grosses chaleurs, comme ça a été le cas cet été.

Bien sûr ils préfèrent également lors de températures élevés les endroits ombragés, tels que les jardins avec des arbres indigènes. L’offre alimentaire y est aussi plus diversifiée que dans des zones sans arbres.

De Suisse en Espagne en trois jours

La météo exerce généralement une influence. Pour les oiseaux effectuant de courtes distances, qui volent à l’intérieur de l’Europe, le problème est moins grave. Par exemple, des aigles royaux, équipés d’un émetteur par la Station ornithologique de Sempach, sont partis de Suisse pour rejoindre l’Espagne en l’espace de trois jours.

Pour ces oiseaux, la météo ne représente pas un problème pour voler. Lorsque les hivers se réchauffent, ils trouvent également plus de nourriture en Suisse et peuvent y rester plus longtemps.

On peut par exemple y observer des bergeronnettes grises, des étourneaux sansonnets, des pigeons ramiers ou des cigognes blanches. Ces oiseaux peuvent réagir relativement rapidement. S’il fait soudainement plus froid, ils se retrouvent rapidement en Espagne, relève Livio Rey.

La situation est plus problématique pour les oiseaux migrateurs qui effectuent de longues distances et qui passent l’hiver en Afrique. “Ils n’ont aucune idée du temps qu’il fait chez nous”. Leur “programme génétique” leur indique quand partir. Ils arrivent donc à peu près toujours à la même période en Europe centrale.

Au mauvais moment à destination

La nature a fait en sorte qu’à ce moment le plus de nourriture soit disponible. Mais ceci pourrait changer en raison du réchauffement climatique. Il y a un risque de “mauvais timing”, c’est-à-dire que les oiseaux arrivent à un moment où la diversité alimentaire n’est pas à son pic.

Les conséquences peuvent être une reproduction médiocre ou des oiseaux en mauvaise condition physique. “Davantage d’oiseaux meurent lorsqu’ils volent ensuite en direction de l’Afrique pour rejoindre leurs quartiers d’hiver. Car ils sont moins en forme et cela peut être problématique pour une espèce sur une période plus longue”, explique le spécialiste.

Certains signes montrent toutefois que les oiseaux s’adaptent au changement climatique. Mais comme l’évolution génétique est très lente, le changement climatique peut être trop rapide pour que de nombreuses espèces d’oiseaux puissent s’adapter aux nouvelles conditions.

Les oiseaux migrateurs de longue distance commencent leur migration beaucoup plus tôt que ceux à courte distance, a montré une étude menée par la station de Sempach en 2003. Apparemment, les premiers ont tenté de traverser la zone du Sahel avant même le début de la saison sèche. Cela a été rendu possible par le fait que la saison de reproduction a été avancée et s’est terminée plus tôt.

Etude à long terme

En revanche, les oiseaux migrateurs à courte distance ont généralement programmé leur vol d’automne plus tard. Ils passent l’hiver en Méditerranée, où règnent des conditions plus clémentes en raison du réchauffement climatique.

Depuis 1958, la Station ornithologique suisse conduit au Col de Bretolet (VS), dans le Val d’Illiez (VS), une étude à long terme sur la migration des oiseaux. Chaque année, entre 10’000 et 20’000 oiseaux de plus de 100 espèces y sont bagués.

L’enregistrement de la date et de l’heure des captures renseigne sur le déroulement saisonnier et journalier de la migration de chaque espèce. Les mesures de taille, de poids, d’accumulation de graisses et d’état des muscles décrivent la condition physique des oiseaux capturés.

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