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Les populistes allemands de l’AfD infligent un revers à Frauke Petry

Près de 4000 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité du congrès de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) à Cologne. KEYSTONE/AP/MARTIN MEISSNER sda-ats

(Keystone-ATS) Les populistes allemands de l’AfD ont entamé samedi un congrès de deux jours marqué par d’intenses luttes internes à cinq mois des élections législatives. La cheffe du parti Frauke Petry a échoué à rallier les membres du parti autour de sa stratégie de “realpolitik”.

Dans un plaidoyer fervent devant les membres de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) réunis à Cologne, la co-dirigeante du parti avait réaffirmé sa conviction que ce mouvement pourrait prendre le pouvoir dès 2021 s’il adoptait une stratégie plus modérée.

Les membres du parti doivent décider “si l’AfD peut devenir, aux yeux des électeurs, une option réaliste pour une prise de pouvoir en 2021” et “comment” il peut atteindre cet objectif, avait-elle lancé.

Dans sa motion présentée en vue du congrès, Mme Petry estimait que l’AfD devrait être prêt à s’allier à d’autres formations à l’avenir. Samedi, elle s’est dite prête à des compromis sur son projet. Mais dans un vote organisé à la mi-journée, une majorité de délégués ont rejeté son texte de l’ordre du jour des discussions.

Un parti divisé

La réunion de l’AfD est censée résorber la fracture entre les “réalistes” du parti, qui veulent rompre avec les discours réputés d’extrême droite, et les tenants d’une ligne plus dure, habitués aux dérapages verbaux, notamment racistes.

La recherche d’une ligne commune est d’autant plus importante pour le parti que les hostilités entre factions nourrissent sa baisse de popularité. Il avait pourtant connu un essor fulgurant lors de la crise migratoire de 2015-2016, lorsque la chancelière Angela Merkel avait ouvert son pays à plus d’un million de demandeurs d’asile.

Policiers blessés

Ce congrès ce tient sous haute tension. Deux policiers ont été légèrement blessés dans des échauffourées avec des manifestants qui ont tenté d’empêcher les quelque 600 délégués de l’AfD de rejoindre l’hôtel où se tient le congrès.

Plus de 4000 policiers ont été mobilisés pour encadrer les quelque 50’000 manifestants anti-AfD rassemblés derrière des banderoles proclamant leur “refus du fascisme” ou leur volonté d’interdire à l’AfD d’entrer au Bundestag, la chambre basse du Parlement fédéral, à l’occasion des élections du 24 septembre.

Sans véritable figure de proue

Frauke Petry avait surpris son monde en annonçant mercredi ne pas vouloir être tête de liste aux élections, plongeant le parti dans l’embarras faute d’autre candidat.

La formation, qui se revendique anti-islam, eurosceptique et porteuse des valeurs familiales traditionnelles, pourrait en conséquence décider de partir en campagne sans réelle figure de proue.

La jeune femme de 41 ans n’a de cesse de souligner que “les tensions internes” et les propos polémiques ont conduit “à une érosion drastique du potentiel électoral” de la formation.

Inspirée par la Française Marine Le Pen, elle veut élargir son électorat dans un pays encore marqué par son passé nazi. Mais les tenants d’une ligne plus dure sont majoritaires parmi les militants de l’AfD, notamment dans les bastions de l’Est.

Son principal adversaire en interne, Alexander Gauland, 76 ans, avait ainsi vivement critiqué Mme Petry, lui intimant de retirer sa motion au congrès. Il a aussi fait jusqu’ici échouer les efforts de Frauke Petry pour exclure les cadres du parti ayant tenu des propos controversés sur le nazisme.

Repli conséquent

Il y a peu encore, le parti volait de succès en succès, parvenant à entrer dans onze des 16 assemblées régionales allemandes. Des sondages lui donnaient alors jusqu’à 15% des voix. Mais, entre crise interne et baisse du flux migratoire, la formation a enregistré un repli conséquent depuis janvier (7 à 11% selon les études).

Autre mauvaise nouvelle pour l’AfD: l’urgence migratoire est passée, et après l’adoption d’une série de mesures pour accélérer les expulsions, Mme Merkel, qui vise un quatrième mandat, a vu sa popularité remonter. Les sociaux-démocrates du SPD, conduits par l’ex-président du Parlement européen Martin Schulz, connaissent aussi une embellie.

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