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Les résultats de la présidentielle kényane sont attendus vendredi

Selon le vote électronique, Uhuru Kenyatta recueille 54,27% des voix. Ces résultats, contestés par l'opposition, doivent encore être confirmés par la Commission électorale. KEYSTONE/EPA/DANIEL IRUNGU sda-ats

(Keystone-ATS) Les Kényans se préparaient jeudi à 24 heures d’attente fébrile d’ici la proclamation du vainqueur de l’élection présidentielle. Les résultats provisoires annoncent le sortant Uhuru Kenyatta vainqueur. Son opposant Raila Odinga dénonce un scrutin frauduleux.

La Commission électorale (IEBC) a confirmé que le vainqueur de la présidentielle de mardi serait proclamé au plus tôt vendredi à midi. L’organe indépendant chargé de garantir l’équité du scrutin a indiqué que tous les résultats devraient alors être parvenus à son centre national de décompte.

Ces résultats, basés sur les procès-verbaux issus des 40’883 bureaux de vote, sont compilés au niveau des 290 circonscriptions du pays, qui les transmettent au centre national de l’IEBC. Jeudi à 14h00 (13h00 suisses), 117 circonscriptions avaient transmis leurs résultats. Ils doivent ensuite être comparés à ceux déjà transmis par voie électronique.

Le vainqueur sera proclamé “peu après” la validation par l’IEBC des résultats des 290 circonscriptions, a précisé le président de la Commission, Wafula Chebukati.

Kenyatta devant?

Le résultat électronique laisse peu de place au suspense, M. Kenyatta recueillant 54,27% des suffrages, contre 44,84% à M. Odinga, sur un total de 14,7 millions de votes comptabilisés dans près de 97% des bureaux de vote.

Toutefois, la coalition de l’opposition kényane a enjoint l’IEBC de déclarer son candidat Raila Odinga “vainqueur”. Il aurait, selon elle, obtenu un peu plus de 8 millions de voix contre 7,75 millions pour le président sortant. La requête de l’opposition a été rejetée par le président de l’IEBC.

Accusations de piratage

Les résultats partiels ont été rejetés dès mercredi par la coalition d’opposition Nasa. Elle a affirmé que le serveur de l’IEBC avait été piraté au profit de M. Kenyatta par des hackers ayant utilisé les codes d’accès d’un responsable informatique de la commission assassiné fin juillet.

Ces accusations ont été démenties par la commission, dont le président a assuré que le système informatique et les bases de données n’avaient été à aucun moment piratés durant le vote.

Raila Odinga, 72 ans, qui se présentait pour la quatrième fois à une présidentielle, a dénoncé “une fraude d’une gravité monumentale”. Il a déjà contesté à deux reprises le résultat de la présidentielle. En 2007, contre Mwai Kibaki; et en 2013 contre Kenyatta.

Processus ‘transparent’

Les missions d’observation internationales ont semblé accentuer la pression pesant sur M. Odinga, tout en plaidant pour la patience, le temps que l’IEBC achève de compiler et vérifier les résultats.

L’ex-secrétaire d’État américain John Kerry, chef de la mission de l’influente fondation Carter, a exprimé sa confiance dans l’intégrité du système électoral, qualifiant de “détaillé et transparent” le processus de vote et de comptage.

“Il faut donner à l’IEBC le temps de poursuivre sa tâche”, a approuvé la députée européenne néerlandaise Marietje Schaake, à la tête de la mission de l’Union européenne.

L’ex-président ghanéen John Dramani Mahama, chef de la mission du Commonwealth, a de son côté souligné prendre “au sérieux” les allégations de M. Odinga. Mais il a estimé que tout désaccord devrait être “résolu par l’intermédiaire des voies légales prescrites”.

Les Etats-Unis ont appelé les Kényans à “attendre pacifiquement et patiemment” les résultats officiels de l’élection présidentielle. Ils demandaient aux candidats d’éviter tout recours aux “menaces” ou à la “violence”.

Violences sporadiques

Les accusations de fraude avaient débouché mercredi sur des violences sporadiques dans plusieurs fiefs de l’opposition, dans l’ouest du pays et dans les bidonvilles de Nairobi, où les déceptions électorales sont fréquentes et souvent accompagnées de tensions. A Kisumu (ouest), des centaines de manifestants avaient érigé des barricades et brûlé des pneus avant d’être dispersés par la police.

A Mathare, un bidonville de Nairobi, la police avait abattu deux manifestants. Deux hommes avaient également été tués par la police dans le comté de Tana River (sud-est), après avoir attaqué un bureau de vote à l’arme blanche.

Mais alors que 150’000 membres des forces de sécurité sont déployés dans le pays, le calme est revenu jeudi. Quelques accrochages entre policiers et manifestants ont toutefois eu lieu dans un bidonville de Nairobi.

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