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Les radios et TV régionales alertent leur public sur “No Billag”

L'initiative "No Billag" ne menace pas seulement la SSR mais toutes les radios et TV locales, a martelé vendredi à Berne Philippe Zahno, président des Radios régionales romandes. KEYSTONE/CHRISTIAN MERZ sda-ats

(Keystone-ATS) Couverture d’élections communales, événements sportifs locaux, expositions villageoises: ces offres sont directement menacées par l’initiative “No Billag”, ont clamé vendredi les radios et TV régionales. Le public doit en être conscient avant d’aller voter le 4 mars.

Plus d’un million d’auditeurs écoutent chaque jour une radio locale. On compte autant de téléspectateurs curieux de l’actualité près de chez eux. En cas d’acceptation de “No Billag”, une grande partie de ce public serait privée de ces prestations. Les représentants des radios et TV locales ont exposé à la presse à Berne des exemples concrets.

En Suisse romande, si l’initiative passe, “seules quatre radios régionales continueront d’être exploitées au lieu des douze actuelles et des cinq chaînes TV. Partout ailleurs, ce sera la fin des programmes”, a illustré Philippe Zahno, président des Radios Régionales Romandes (RRR).

La télévision régionale de la Suisse orientale, TVO, devrait couper par deux son effectif de 30 pleins temps, a imagé André Moesch président de TELESUISSE. Impossible dans ces conditions d’assurer le mandat de service public qui exige une couverture de l’actualité régionale.

Vaste impact

Plus une région est périphérique, plus elle est dépendante de la redevance, poursuit Philippe Zahno. Le Tessin et les Grisons seront directement concernés. La fin de la redevance ne menace pas seulement les émetteurs, mais aussi les langues minoritaires ainsi que l’économie qui profite des stations implantées dans le tissu local pour placer des annonces.

Les radios et TV locales hors agglomération ne tirent que 50% de leurs recettes du marché publicitaire. Il est illusoire de croire qu’elles pourront augmenter leurs rentrées d’argent dans ce domaine. Seules les stations basées dans les grandes villes comme Lausanne et Genève pourront survivre. Actuellement, TeleZüri est l’unique TV exploitée sans la redevance.

Les représentants des émetteurs locaux ne croient pas non plus au “plan B” des initiants qui prônent un système d’abonnement. L’exemple de Canal 9 en Valais est parlant: de 1984 à 2014, les ménages ont payé 36 francs par an via la facture d’électricité et de raccordement au câble pour deux heures d’émission par jour. Les rentrées se montaient entre 1,8 et 2,5 millions de francs par an.

En 2015, ce système a été abandonné pour passer à un système d’abonnement. A peine 8000 ménages sur 143’000 ont payé et les rentrées ont chuté à 300’000 francs par an. Résultat, la chaîne s’est séparée de cinq collaborateurs, a fermé son bureau à Martigny et a réduit son émission à une heure quotidienne.

Dès l’an prochain

D’autres systèmes par cartes de paiement dans le Jura n’ont pas non plus fonctionné. Il est tout autant illusoire de compter sur les cantons pour remplacer la redevance. Cette option n’est “pas réaliste pour des raisons juridiques, politiques et financières”, ont fait savoir les cantons.

Pour les représentants des radios et TV locales, l’initiative émane de personnes qui n’ont aucune idée du fonctionnement des médias locaux. En cas de oui, le démantèlement suivrait très rapidement, soit dès le 1er janvier 2019, a martelé Philippe Zahno.

Bien décidés à rejeter cette initiative “destructrice, radicale et anti-suisse”, les radios et TV locales n’en veulent pas moins demander des comptes à la SSR. “Le 5 mars, nous voulons reprendre les discussions”, a lancé André Moesch. La SSR doit se concentrer sur le niveau national et laisser aux émetteurs de proximité l’actualité régionale. “Nous voulons une vraie complémentarité.”

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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