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Les rebelles birmans accusés à l’ONU de possibles crimes de guerre

La rapporteuse spéciale de l'ONU Yanghee Lee n'a pas mis en cause que l'armée birmane mais aussi les rebelles pour les violences des derniers mois dans plusieurs Etats birmans (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) De possibles nouveaux crimes de guerre ont été perpétrés ces derniers mois en Birmanie, selon la rapporteuse spéciale de l’ONU. Mardi à Genève, Yanghee Lee a mis à nouveau en cause l’armée mais aussi les rebelles, dans les Etats de Rakhine et de Chin.

“De nombreux actes” de ces différentes parties pourraient constituer des crimes de guerre, a-t-elle affirmé devant le Conseil des droits de l’homme. Récemment, Amnesty International avait déjà accusé l’armée de tels crimes internationaux.

Dans ses précédentes interventions, Mme Yanghee avait été parmi les premiers responsables internationaux à dénoncer un génocide présumé contre la minorité musulmane des Rohingyas. Près d’un million d’entre eux ont fui vers le Bangladesh, dont plus de deux tiers après les violences de 2017.

Autre indication en Birmanie elle-même, près de 100’000 personnes manquent d’accès aux infrastructures les plus importantes en raison des restrictions aux mouvements dans certaines zones. Après avoir alerté il y a une semaine sur les menaces pour les droits de l’homme des coupures de l’accès à Internet, la rapporteuse spéciale a mentionné des indications d’une augmentation des décès en détention.

Elle s’est également dit “déçue” de la lenteur pour le début des travaux du mécanisme international et indépendant de préservation des preuves (IIIM) approuvé il y a près d’un an par le Conseil des droits de l’homme. Cette instance qui doit oeuvrer comme celle lancée en 2017 sur la Syrie sera établie à Genève et dirigée par un Américain. La rapporteuse spéciale a appelé les Etats à oeuvrer auprès de l’ONU pour que ce dispositif puisse s’activer dans les trois prochains mois.

Démenti par la Birmanie

De son côté, le représentant birman a de nouveau appelé devant le Conseil des droits de l’homme au remplacement de Mme Yanghee dont le gouvernement critique une attitude “contreproductive”. Il a démenti toute restriction de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux mais mentionné un “équilibre” à trouver avec la sécurité.

Ce responsable a aussi affirmé que les autorités allaient continuer à collaborer avec l’émissaire du secrétaire général de l’ONU, la Suissesse Christine Schraner Burgener. Mais il estime que le gouvernement n’a pas cessé d’oeuvrer pour l’état de droit et que la réforme démocratique dans son pays est “remarquable”.

Il souhaite aussi que le rapatriement des réfugiés rohingyas soit “accéléré” alors que l’ONU estime de son côté que les conditions ne sont toujours pas réunies. Au total, les violences depuis 2017 ont fait au moins 10’000 victimes.

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