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Les risques de séisme sur les sites de centrales sont plus élevés

Les aléas sismiques sont plus élevés, constate l'IFSN, qui a demandé aux exploitants de fournir à nouveau des preuves que les centrales nucléaires pourront résister à un violent tremblement de terre (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) L’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) a décelé des risques plus élevés de séismes sur les sites des centrales, a-t-elle indiqué lundi. Les exploitants devront prouver d’ici 2020 qu’elles peuvent résister à un violent tremblement de terre.

L’IFSN a édicté des directives plus sévères, a-t-elle indiqué devant les médias à Brugg (AG), au vu de cet “aléa sismique plus élevé”, c’est-à-dire une plus grande probabilité qu’un séisme destructeur se produise dans une période donnée.

L’IFSN se réfère à la nouvelle étude “Pegasos Refinement Project PRP”, publiée par la faîtière des exploitants swissnuclear.

Les exploitants de centrales nucléaires vont devoir démontrer d’ici 2020 que leurs installations peuvent résister à un fort tremblement de terre, a indiqué dans ses nouvelles prescriptions l’IFSN.

La centrale nucléaire de Mühleberg (BE) est également concernée, malgré sa fin programmée pour 2019. En effet, selon l’IFSN, cette centrale conservera pendant des années un potentiel de dangerosité après l’arrêt.

Un séisme destructeur tous les 10’000 ans

D’ici 2018, les exploitants de centrales devront apporter les preuves qu’elles peuvent résister à un tremblement de terre d’une violence telle qu’il ne se produit que tous les 10’000 ans. Il faudra alors respecter une dose limite radiologique de 100 millisieverts.

Ils devront également établir d’ici 2020 que les centrales peuvent supporter un séisme comme il ne s’en produit qu’un par millénaire. La dose limite ne devra pas dépasser 1 millisievert.

L’IFSN examinera ensuite les conclusions des exploitants et prendra position. Concernant ces contrôles, “nous ne nous attendons pas à des surprises”, a déclaré Hans Wanner, directeur de l’IFSN à la presse.

Le délai des contrôles a été fixé à quatre ans, alors que l’IFSN prévoyait au début une période de deux ans. Mais les exploitants ont réclamé plus de temps. “Il n’y avait pas de raison d’exercer sur les exploitants une pression inutile quant aux délais”, a déclaré M. Wanner.

Ces derniers ont réagi en soulignant que l’IFSN avait retenu des hypothèses de risques sismiques plus élevées que ceux établis par les experts de l’étude. Swissnuclear argumente dans un communiqué que “la Suisse se trouve dans une zone d’activité sismique faible à moyenne”.

Pour les exploitants, “les centrales nucléaires sont à l’épreuve des risques sismiques”. Ils ne comprennent pas que l’IFSN ait ajouté des modifications au rapport PEGASOS.

“Atermoiements” selon Greenpeace

Tout autre son de cloche chez Greenpeace. “Les centrales nucléaires suisses sont davantage menacées par des séismes que ce qui était affirmé après Fukushima”, a réagi l’association écologiste dans un communiqué. Et les recommandations de l’IFSN ne sont qu’une manière de mettre le problème en veilleuse, selon Greenpeace.

L’association écologiste critique en effet “des atermoiements”, car les exploitants de centrales disposent “d’un tempo confortable” pour apporter des preuves. Greenpeace estime au contraire qu’il faudrait que les exploitants mettent en oeuvre “rapidement toutes les mesures nécessaires pour protéger les installations contre les tremblements de terre”.

Quant au “Fokus anti-Atom”, c’est toute la procédure qui est absurde. Aux yeux de cette association, les exploitants de centrales disposent désormais de délais de plusieurs années pour vérifier les installations au lieu de prendre des mesures.

La dernière procédure concernant le risque de tremblement de terre remonte à 2011, après l’accident nucléaire de Fukushima au Japon. Les exploitants avaient dû prouver que les centrales résisteraient à un très violent tremblement de terre.

Depuis, l’IFSN avait lancé une nouvelle étude sur ces risques. Mais ce rapport “Pegasos Refinement Project” a pris du retard: la nouvelle étude était attendue à la fin de l’année 2014.

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