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Les Suisses largement en faveur de la saisie du temps de travail

(Keystone-ATS) Les Suisses veulent saisir leur temps de travail. Selon un sondage d’Employés Suisse, 85% de la population se prononce en faveur de cette pratique. Mais dans la réalité, plus d’un tiers des salariés sondés (34%) n’enregistre pas ses heures de labeur.

Sur les 662 personnes interrogées exerçant une activité professionnelle, 89% se déclarent favorables à la saisie du temps de travail, ressort-il de l’enquête dévoilée dimanche par Employés Suisse. Du côté des 337 sondés ne travaillant pas, cette proportion atteint 77%.

Alors que le temps de travail ne suit plus un déroulement continu, le besoin de pouvoir le justifier clairement semble grand, constate Employés Suisse. Observant qu’en parallèle 34% des personnes interrogées ne timbrent pas en débutant et achevant leur journée de travail, l’association appelle les employeurs à agir.

Parmi les salariés saisissant leur temps de travail, 27% le font de manière automatique avec une machine à timbrer ou un badge, par exemple et 39% par leurs propres moyens, soit une liste ou un rapport. Au sein des cadres et des indépendants, près de la moitié n’enregistrent pas leur présence au travail.

Moyen de preuve

Au rang des arguments les plus cités en faveur de la saisie du temps de travail figurent ceux d’une preuve claire des efforts fournis, d’une base pour une compensation et le salaire ainsi que d’une mesure d’autocontrôle. Interrogés quant au respect du temps de travail qui leur est fixé, 41% des salariés indiquent y parvenir, alors 34% estiment oeuvrer nettement plus longtemps que ne le prévoit leur contrat.

Parmi les travailleurs n’enregistrant pas leur présence effective au travail, cette proportion passe à 45%. Un peu moins du quart des personnes interrogées jugent qu’elles travaillent un peu moins longtemps que prévu.

Réforme

Début novembre, le Conseil fédéral a assoupli l’ordonnance relative à la loi sur le travail, laquelle rend obligatoire la saisie du temps de travail. Le gouvernement a décidé d’en exempter à compter du 1er janvier 2016 les salariés gagnant plus de 120’000 francs bruts par an, bonus compris.

Chaque entreprise ou branche devra cependant ratifier la nouvelle pratique via une convention collective de travail (CCT). De plus, les travailleurs concernés devront approuver par écrit ce changement.

La réforme simplifie aussi l’enregistrement du temps de travail pour les salariés qui peuvent déterminer eux-mêmes au moins 25% de leurs horaires. Seule la durée totale des heures de travail sera désormais enregistrée. En cas de travail de nuit ou le dimanche, le début et la fin du travail devront être notés.

Ce changement ne requiert qu’un accord collectif entre le patron et les syndicats ou la majorité des travailleurs. Dans les PME comptant moins de 50 employés, l’accord du salarié concerné suffira.

Débats à venir

La question devrait encore rester à l’agenda politique, la commission de l’économie du Conseil des Etats, peu convaincue de la décision du Conseil fédéral, souhaitant éventuellement proposer des modifications. Alors que le patronat souhaite de nouveaux assouplissements, les syndicats s’y opposent.

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