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Les Verts misent sur la cohérence pour les élections fédérales

(Keystone-ATS) Les Verts affichent un bilan de législature mitigé et les sondages pour les élections fédérales d’octobre ne leur sont pas favorables. Pas question pour autant de changer de fusil d’épaule: les écologistes misent sur la cohérence.

“Nous ne sommes pas un parti qui adapte son programme aux aléas électoraux”, a déclaré jeudi à la presse à Berne la coprésidente Adèle Thorens (VD). Il y a eu des périodes où le parti détenait plus de sièges, d’autres où il en avait moins. Il faut continuer à s’engager pour l’écologie même si l’environnement semble reculer dans les préoccupations de la population.

Le contexte économique et les incertitudes qui y sont liés desservent le parti, a reconnu la conseillère nationale. C’est pourquoi les Verts ont fait des propositions liant l’environnement et le franc fort. Il faut en finir avec le cliché qui veut que la défense de l’environnement soit un thème dont il faut se préoccuper uniquement par beau temps. L’économie verte est un moteur d’emploi.

Mobiliser les électeurs

Il s’agit aussi de mobiliser les électeurs potentiels plutôt que de changer le vote partisan, a complété le conseiller aux Etats Luc Recordon (VD). Plus de 40% de la population seraient susceptibles de voter Verts, dont une forte proportion de jeunes, catégorie où le taux d’abstention est particulièrement élevé.

Le Parti écologiste sera du coup très actif sur les réseaux sociaux, en plus d’une campagne de terrain classique. Les élections seront décisives car le nouveau Parlement devra trancher des enjeux cruciaux, a relevé le chef du groupe parlementaire et conseiller national Balthasar Glättli (ZH). A lui le dernier mot sur la sortie du nucléaire, le tournant énergétique ou une économie plus durable.

Bilan mitigé

Le bilan de la législature écoulé est mitigé, a reconnu la coprésidente Regula Rytz (BE). Cinquième parti du pays et non représenté au Conseil fédéral, les Verts peuvent lancer des thèmes, mais doivent souvent passer par d’autres partis pour faire passer leurs solutions, a expliqué la conseillère nationale.

Ils avaient bien entamé la législature en 2011 en déposant leur initiative pour la sortie du nucléaire et celle pour une économie verte. Or, le compromis sur la fin de vie des centrales nucléaires trouvé au National est remis en question par la commission compétente du Conseil des Etats et le contre-projet à l’initiative sur l’économie durable ne tient qu’à un fil.

La pression de l’initiative pour le paysage a toutefois permis d’améliorer la loi sur l’aménagement du territoire et l’initiative sur les résidences secondaires de combattre le mitage du territoire. En matière de libertés civiques, ils se sont battus pour que le citoyen ne se retrouve pas sous l’emprise de l’Etat fouineur via la loi sur le service de renseignements par exemple, mais là aussi rien n’est gagné.

La tradition humanitaire de la Suisse est en butte à une campagne de la droite contre l’afflux de réfugiés, déplorent les écologistes. De manière générale, le climat s’est nettement durci depuis le début de l’an dernier. Avec l’initiative contre les rémunérations abusives, l’économie s’est immiscée de manière croissante dans les dossiers, et ce à coups de millions.

Inégalité financière

Les moyens financiers pour les élections n’ont jamais été répartis aussi inéquitablement, a critiqué Mme Rytz. On parle de 170 millions en tout alors qu’à l’échelon national, les Verts engagent 200’000 francs auxquels s’ajoutent les budgets des partis cantonaux et des candidats, soit 200’000 à 300’000 francs pour les Vaudois par exemple. Pour garder leur indépendance, les écologistes n’acceptent pas les dons des grandes banques contrairement aux partis bourgeois.

Après avoir perdu sept sièges au National en 2011, ils en détiennent quinze et deux au Conseil des Etats. Ils espèrent les défendre, voire en gagner un à Bâle-Ville, en Valais ou dans le canton de Vaud. “L’avantage d’avoir perdu des électeurs c’est d’en avoir à regagner”, a relevé en souriant M.Glättli.

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